Alors que l’inflation est en baisse depuis plusieurs mois en Egypte, les experts soulignent que la chute annuelle de février est largement due à un «effet de base», en comparaison avec le niveau de 36% atteint en février 2024.
«L’inflation semble plus faible parce que nous la comparons à la flambée des prix de l’année dernière», a expliqué à l’AFP Wael el-Nahas, économiste et spécialiste des marchés financiers.
L’agence égyptienne des statistiques a précisé que le taux d’inflation mensuel était tombé à 1,4% en février, soit un peu moins que les 1,6% de janvier.
Au début de l’année dernière, une pénurie de devises étrangères avait provoqué une crise du marché parallèle dans cette économie dépendante des importations, et une augmentation galopante des prix des biens de consommation dans les grandes villes.
Après avoir dévalué sa monnaie en mars 2024, l’Egypte a semblé commencer à émerger de la crise grâce à un renflouement de plus de 50 milliards de dollars sous forme de prêts et d’accords d’investissement du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et des Emirats arabes unis.
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Mais les prix restent élevés alors que le pouvoir d’achat des Egyptiens s’érode.
«La pression persiste»
«Les gens constatent toujours une diminution de leur pouvoir d’achat. Le rythme des hausses de prix a ralenti, mais la pression sur les ménages persiste», explique à l’AFP Timothy Kaldas, directeur adjoint du Tahrir Institute for Middle East Policy.
Depuis février 2022, la livre égyptienne a perdu plus de 60% de sa valeur, tandis que l’inflation a atteint un pic de près de 40% en août 2023.
Les autorités ont décidé d’une série de réformes, conformément à un accord avec le FMI qui a été augmenté de 3 à 8 milliards de dollars, comprenant notamment trois hausses des prix du carburant l’an dernier.
Le FMI doit se réunir lundi pour sa quatrième revue du programme d’aide à l’Egypte et prévoit de débloquer une tranche de 1,2 milliard de dollars de financement prévue dans ce programme.
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En janvier, le FMI a annoncé qu’il dévoilerait également un nouvel accord de prêt, estimé par les analystes à un peu plus d’un milliard de dollars.
Cependant, l’Egypte reste accablée par une dette extérieure en forte hausse, qui a quadruplé depuis 2015 pour atteindre 155,2 milliards de dollars en septembre 2024. Une grande partie de cette dette est liée à d’importants projets d’infrastructure, notamment la construction d’une nouvelle capitale à l’est du Caire.
Parallèlement, la guerre à Gaza a aggravé les difficultés économiques.
Les attaques sur les voies maritimes de la mer Rouge menées par les rebelles houthis du Yémen, qui disent agir en solidarité avec les Palestiniens, ont durement frappé le canal de Suez, l’une des principales sources de devises étrangères de l’Egypte.
Selon les chiffres officiels, les revenus du canal de Suez ont chuté de plus de 70% l’an dernier.