En dépit de ses importantes ressources énergétique fossiles et renouvelables, l’Afrique est le continent où le taux d’électrification est le plus faible au monde. Ils sont 900 millions d’Africains n’ont accès à une aucune forme d’énergie moderne et plus de 600 millions n’ont pas accès à l’électricité. Ce déficit est l’un des handicaps majeurs au développement socio-économique du continent.
L’Organisation des producteurs de pétrole africain (Appo), consciente que l’un des obstacles majeurs à l’électrification de l’Afrique est le financement, a pris le problème à bras-le-corps en décidant de mettre en place la Banque africaine de l’énergie,
Cette banque devrait aider les pays africains à s’affranchir des bailleurs de fonds occidentaux décidés à leur fermer les vannes dans le cadre de leur engagement pour la transition énergétique.
Cette nouvelle institution, qui sera dotée d’un capital initial de 5 milliards de dollars, aura pour objectif de soutenir l’autonomisation du continent africain à travers des investissements dans le secteur énergétique. La banque est appelée à contribuer au développement des infrastructures énergétiques, réduire le déficit électrique et à améliorer la qualité de vie des populations du continent.
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Les aspects liés au traité d’établissement de la banque, sa charte et l’agrément du pays hôte ont été finalisés par les pays membres de l’Appo. Le pays hôte sera connu avant la fin du mois de mars lors de la réunion du comité de coordination du projet.
D’ores et déjà sept prétendants se sont fait connaître: Afrique du Sud, Algérie, Bénin, Côte d’Ivoire, Egypte, Ghana et Nigeria. Cette liste illustre l’intérêt qu’accordent à cette future banque les puissances économiques et les grands producteurs de pétrole et de gaz du continent.
Abriter le siège de la Banque africaine de l’énergie confère au pays hôte un statut particulier. Cette banque est appelée à jouer un rôle fondamental dans le financement des projets d’énergie au niveau du continent. Le pays qui sera désigné aura une influence sur le marché énergétique régional et international et aura un accès privilégié aux gros investissements énergétiques.
L’APPO, qui a initié ce projet, a dévoilé quelques critères qui seront pris en compte pour désigner le pays qui abritera cette institution financière. Le pays candidat doit disposer des locaux adaptés et avoir déjà souscrit au capital social de la banque.
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Cinq pays partent légèrement favoris. Il s’agit du Nigeria, premier producteur de pétrole du continent et dont le taux d’électrification est faible. Le pays compte sur l’accueil de cette institution pour doper un peu plus le financement de ses projets électriques. Premier producteur de pétrole et second du gaz, la première puissance économique du continent va peser de tout son poids pour abriter le siège de cette banque.
La bataille sera rude avec l’Algérie, 4e producteur de pétrole et premier producteur de gaz du continent qui souhaite aussi abriter le siège de cette institution. Il faudra aussi compter avec l’Egypte, nouveau grand producteur de gaz et qui ambitionne de devenir un hub énergétique pour l’Afrique, l’Asie et l’Europe.
L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, entend également accueillir cette future banque. L’Afrique du Sud fait face à un problème énergétique colossal avec des délestages fréquents depuis quelques année et souhaite réduire sa dépendance vis-à-vis du charbon en misant sur les énergies renouvelables. Seul bémol, l’Afrique du Sud n’est pas producteur de pétrole et de gaz, contrairement aux autres prétendant, en dehors du Bénin.
En plus de ces quatre prétendants, il faudra aussi compter avec le Ghana. Si le pays demeure un petit producteur de pétrole et de gaz, il est cité comme l’un des favoris pour abriter le siège de l’institution. Le pays avait obtenu en 2020 le siège de la Zone de libre-échange africaine devant l’Egypte et figure parmi les favoris pour accueillir cette institution.
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La Côte d’Ivoire, nouveau producteur de gaz et de pétrole et le Bénin, pays ayant accueilli en novembre 2023 la réunion du Conseil des ministres de l’Appo, sont les outsiders de cette course.
Le processus d’attribution du siège se fera par consensus en fonction des cartes jouées par chacun de ces 7 pays pour peser dans la balance. La Banque africaine de l’énergie devrait entrer en service d’ici mi-2024
Pour rappel, les pays africains ont un potentiel de développement d’énergie exceptionnel non exploité. Les réserves de pétrole et de gaz sont estimées à plus de 125 milliards de barils de pétrole brut prouvés et plus de 650 trillons de pieds cubes de gaz naturel.
Mieux, en ce qui concerne les énergies renouvelables, au-delà du potentiel hydroélectrique exceptionnel non exploité, le barrage Grand Inga, sur le fleuve Congo en république démocratique du Congo d’un potentiel de 40.000 MW en est une parfaite illustration d’un potentiel inexploité.
En outre, l’Afrique est l’une des régions du monde les mieux nanties en ressources solaires au monde. Le continent reçoit près de 12 heures d’ensoleillement par jour avec une irradiation comprise entre 4 et 7 kwh/m2/jour. Cet ensoleillement fait que les réserves totales d’énergie solaire théoriquement disponibles en Afrique sont estimées à près de 60 millions de térawatts-heure.
Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelable «le potentiel estimé de production d’énergie renouvelable de l’Afrique à partir des technologies existantes est 1.000 fois plus important que sa demande en électricité prévue en 2024».