Les dernières injonctions de la Banque centrale visent l’amélioration de la santé financière des banques mauritaniennes. Ces exigences pourraient entrainer une restructuration de fond en comble du paysage bancaire qui compte une pléthore d’institution.
A l’instar des autorités monétaires des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africain (Umoa) qui ont annoncé le doublement du capital minimum requis des 65 banques ouest-africaines de la zone CFA, la Banque centrale mauritanienne a décidé d’une série de mesures.
Ainsi, l’autorité monétaire mauritanienne a décidé le doublement du capital minimum requis des banques exerçant sur le territoire national en le faisant passer de 1 à 2 milliards d’ouguiyas (soit 10 à 20 milliards d’ouguiyas anciennes), avec obligation de libérer la totalité de ce capital.
Mieux, afin de renforcer les assises financières des établissements bancaires du pays, la gardienne de la politique monétaire du pays exige que les banques portent leurs fonds propres à 3 milliards d’ouguiyas. Une hausse qui pourrait entrainer des recours auprès des investisseurs sous différentes formes: augmentations de capital, incorporation des réserves, emprunts obligataires subordonnés, fusions et acquisitions…
Selon la directive publiée le 27 décembre dernier, cette mesure, à effet rétroactif, accorde aux banques un délai de six mois pour se mettre en conformité avec la nouvelle règlementation.
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Outre le fait de rendre les banques mauritaniennes plus solides financièrement dans un environnement de plus en plus risqué, ces mesures devraient améliorer le financement de l’économie, notamment des PME et des PMI, grâce aux nouvelles ressources bancaires.
Pour mieux comprendre les raisons d’une telle décision, Le360 Afrique s’est entretenu avec Abdallahi ould Awah, professeur d’Economie à l’Université de Nouakchott. Ould Awah a tenu à rappeler le contexte historique de l’avènement des premières banques mauritaniennes, qui étaient toutes publiques, leur passage au secteur privé dans le sillage des privatisations au milieu des années 1980, l’avènement des groupes bancaires privés, le niveau bas du taux de bancarisation…
Concernant la nouvelle mesure, il estime que cette décision est salutaire en ce sens qu’elle offrira des assises financières plus solides au secteur bancaire mauritanien.
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Toutefois, il explique que son application nécessite des mesures d’accompagnement afin d’éviter une grave crise au niveau du secteur et la disparition de certaines institutions. En effet, si cette hausse devrait être facile à réaliser pour les filiales des banques étrangères et certaines grandes banques mauritaniennes. En revanche, les banques plus fragiles risquent de se retrouver en difficultés et risquent d’avoir du mal à trouver des investisseurs potentiels dans un contexte de saturation du marché mauritanien.
Certains observateurs pensent que cette décision de la Banque centrale devrait contribuer à restructurer le secteur bancaire national qui compte une pléthore de banques. A titre d’illustration, la Mauritanie, qui ne dispose pas d’une place financière, avec une population de moins de 5 millions d’habitants, compte plus d’institutions bancaires que le Maroc voisin pourtant 8 fois plus peuplé et dont la richesse, mesurée par le PIB -Produit intérieur brut-, est plus de 13 fois supérieur.