L’accord en vigueur depuis 2019 et arrivant à expiration dimanche soir à minuit (lundi 00H00 GMT) n’est pas reconduit pour l’instant en raison de «défaillances» notifiées le 27 mai par la Commission européenne à l’Etat du Sénégal dans la lutte contre la pêche illégale, a dit le diplomate devant des journalistes à Dakar.
«Les bateaux européens cesseront de pêcher dans la zone économique exclusive du Sénégal à partir du 17 novembre à minuit. Ces bateaux européens pourront - ce sera le choix des armateurs - continuer de pêcher ailleurs», a-t-il dit en invoquant l’existence d’accords entre l’UE et des pays voisins du Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie ou le Cap-Vert.
«Il ne serait pas cohérent pour l’Union européenne, qui a une politique de tolérance zéro à l’égard de la pêche INN (illicite, non déclarée et non réglementée), de renouveler un accord avec des pays qui ont été notifiés de ce type de difficultés», a-t-il dit.
L’arrêt de la pêche dans les eaux sénégalaises concernera 18 bateaux espagnols et français, qui pêchent le thon tropical et le merlu et ne représentent pas une véritable concurrence pour la pêche sénégalaise, a-t-il indiqué.
La Commission européenne a adressé en mai ce qu’elle a présenté comme un «carton jaune» au Sénégal, identifié comme «pays non coopératif» face à la pêche illicite. Elle déplorait de «graves lacunes» et des «défaillances dans les dispositifs de suivi, contrôle et surveillance» pour les navires battant pavillon sénégalais dans les eaux extra-territoriales comme pour les navires étrangers au port de Dakar.
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Elle rapportait «des exportations illégales du Sénégal vers l’UE». Elle disait laisser à Dakar la possibilité «de réagir et remédier à la situation dans un délai raisonnable».
Concurrence
La pêche est un secteur primordial au Sénégal, économiquement, mais aussi culturellement. C’est aussi un secteur en crise. Les localités côtières fournissent une part importante des centaines de migrants clandestins qui tentent chaque mois de rallier l’Europe par l’Atlantique au péril de leur vie à bord de pirogues surchargées et vétustes.
La pêche fait vivre directement ou indirectement environ 600 000 Sénégalais pour une population d’environ 18 millions, selon un chiffre communément admis.
Les quelque 50.000 pêcheurs sénégalais travaillent essentiellement sur des pirogues traditionnelles. Les pêcheurs dénoncent constamment la concurrence des bateaux usines contrôlés par des étrangers, auxquels ils imputent la raréfaction du poisson.
La controverse sur la part de la pêche étrangère dans la crise a été ranimée avec l’élection à la présidence, en mars, de Bassirou Diomaye Faye qui a promis de rétablir une souveraineté qu’il juge bradée dans ce domaine et d’autres.
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Son Premier ministre Ousmane Sonko, en campagne pour les élections parlementaires, s’en est à nouveau pris lundi soir à Bargny, ville côtière, à ces «bateaux étrangers (qui) viennent piller toutes nos ressources», a rapporté le site d’information Dakaractu.
L’ambassadeur européen a souligné qu’en vertu de l’accord existant les bateaux européens étaient seulement autorisés à prélever sur les stocks excédentaires. Alors que l’accord permettait de pêcher 10.000 tonnes tous les ans, les bateaux européens n’ont remonté que 10.000 tonnes sur cinq ans, a-t-il dit.
L’accord a rapporté à l’Etat sénégalais une contribution de 8,5 millions d’euros sur cinq ans, à laquelle s’ajoutent les redevances versées par les armateurs, dit l’Union européenne dans un communiqué.
«Le Sénégal ne recevra plus de contribution financière dans le cadre de l’accord de pêche», dit-elle.
Des diplomates ont indiqué sous couvert de l’anonymat que les carences sont identifiées et donnent lieu à un dialogue régulier depuis plusieurs années, et que l’arrêt de l’accord n’est pas lié à la situation intérieure sénégalaise.
Conclure un éventuel nouvel accord «ne peut pas se faire du jour au lendemain, il y aura un certain nombre d’actions qui devront être mises en oeuvre et qui vont prendre raisonnablement plusieurs mois», a dit M. Pisani.