Les cabinets d’avocats africains profitent-ils des juteux contrats en Afrique ?

Site de Kamoto Copper Company Lualaba (RDC)

Le 02/12/2023 à 11h04

La montée des conflits et des violences a un effet modérateur sur la croissance économique en Afrique subsaharienne. Selon la Banque mondiale, celle-ci devrait ralentir à 2,5% en 2023 contre 3,6% une année au paravent. Pourtant, l’avenir semble prometteur pour cette partie du continent qui ressemble plutôt à un vaste chantier où se négocient parfois de gros deals autour de projets d’infrastructures gigantesques. Cette dynamique profitent-elle aux cabinets d’avocats locaux ? Eléments de réponse.

Ponts, routes, centrales éoliennes, raffineries d’or, chemins de fer…L’Afrique de l’ouest bouillonne de grands projets d’infrastructures. Dans cet environnement propice aux investissements publics et privés, les avocats d’affaires rivalisent pour se tailler une part des juteux contrats en mettant «un point d’honneur à se tenir informé et à anticiper les évolutions, grâce à une veille juridique constante et des formations ciblées», nous confie Khady Diop Kama.

Selon l’avocate associée au sein du cabinet d’avocat Legalix qui couvre la zone appelée l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) ou encore l’Union économique et monétaire ouest-africaine, pour se distinguer, les cabinets collaborent également avec les autorités réglementaires et suivent de près les développements politiques pour conseiller efficacement leurs clients.

En Afrique de l’Ouest et au Sénégal en particulier, s’il y a un domaine du droit des affaires qui connait actuellement une demande croissante c’est sans doute l’immobilier mais pas que.

«Au Sénégal, la demande augmente dans les domaines du droit liés aux technologies de l’information, aux données personnelles, et à l’énergie, notamment avec la découverte de gisements de gaz et de pétrole. L’essor de l’immobilier a aussi généré un besoin croissant en assistance juridique dans la construction, la gestion d’actifs immobiliers, et particulièrement en copropriété», nous explique Khady Diop Kama.

Cabinets locaux VS cabinets étrangers

Selon nos informations, d’autres secteurs sont également en vogue. C’est le cas notamment de l’environnement, en particulier la transition écologique ou encore les minerais. Plusieurs pays de la région, en l’occurrence la Guinée ou encore le Mali, promettent de faire briller leur or au profit de leurs propres populations, en adoptant de nouveaux codes miniers qui leur permettent de prendre jusqu’au 30% de participation dans des projets d’envergure.

Souvent, nous dit-on, ce sont toujours les gros cabinets internationaux qui s’accaparent ces gros deals. Mais, de plus en plus de praticiens africains viennent concurrencer les puissants cabinets étrangers.

Une tendance de plus en plus visible qui s’accompagne d’investissements importants de la part des locaux, en termes de développement des expertises spécifiques, d’encouragement de la spécialisation de leurs avocats et le renforcement des partenariats internationaux, «favorisant ainsi des perspectives globales et des solutions innovantes pour nos clients», souligne Khady Diop Kama. Il faut dire qu’en plus de gagner des marchés, les avocats jouent un rôle crucial dans la promotion de l’investissement et du développement économique sur le continent, malgré les défis auxquels ils sont confrontés.

«En tant qu’avocats d’affaires au Sénégal, notre rôle est central dans la promotion de l’investissement et du développement économique. Nous sécurisons les transactions commerciales et encourageons un environnement d’investissement stable», par exemple, poursuit notre interlocutrice rappelant la nécessité de la maîtrise de l’anglais et des outils informatiques, laquelle est essentielle aujourd’hui pour une collaboration efficace.

Et d’ajouter, «la création de grands cabinets spécialisés, alliés à des partenaires internationaux de renom et souvent eux-mêmes incluant d’autres entités juridiques africaines, permet de gérer efficacement des projets d’envergure»

Par Khadim Mbaye
Le 02/12/2023 à 11h04