La relance de l’économie nigériane, particulièrement de son secteur des hydrocarbures, est l’un des objectifs que s’est fixé le président Ahmed Bola Tinubu. L’économie nigériane étant trop dépendante des hydrocarbures.
Pour y parvenir, le successeur de Muhammadu Buhari s’est engagé à défricher le code des investissements afin d’attirer d’avantage d’investisseurs étrangers, notamment dans le secteur des hydrocarbures pour libérer l’énorme potentiel du pays. Le Nigeria avait adopté, en 2021, le Petroleum Industry Bill qui vise à attirer les investissements dans le secteur pétrolier grâce à la modification des réglementations, des redevances et des taxes pour relancer la production pétrolière et gazière qui a connu un déclin au cour de ces dernières années sous l’effet combiné du siphonage dans les oléoducs, d’attaque des plateformes pétrolières, des coûts d’exploitation élevés,… Autant de facteurs qui ont fini par dissuader les investisseurs étrangers, en dépit des potentialités énormes du pays.
Grâce aux engagements du président de la première puissance économique et démographique du continent, les résultats n’ont pas tardé. En effet, alors que la tendance était au départ, la confiance semble désormais s’être établie avec le retour des majors pétroliers qui ont annoncé de colossaux investissements.
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Et c’est le géant pétrolier Shell qui a dégainé le premier avec un colossal investissement de 6 milliards de dollars, principalement dans des projets offshores, de gaz naturel et également dans le gaz naturel liquéfié (GNL). Selon les dirigeants du pétrolier, 5 milliards de dollars seront engagés rapidement dans le projet Bonga Nord et le reste est prévu dans les années à venir dans le développement du GNL.
Après Shell, c’est le groupe français TotalEnergies qui a envisagé d’investir 6 milliards de dollars dans le secteur des hydrocarbures, notamment dans des projets gaziers et offshore. Le Nigeria est un important marché pour le pétrolier français. En effet, le pays représente entre 8 et 10% de sa production totale.
Le groupe a annoncé que son portefeuille de projets au Nigeria pourrait représenter 6 milliards de dollars d’investissements au cours des prochaines années. «Tout est là. Il nous suffit de finaliser les ajustement et les changements nécessaires pour libérer le potentiel exceptionnel dans le pétrole et le gaz», a laissé entendre Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies à la suite d’une rencontre avec le président nigérian qui s’est engagé, de son côté, à «ôter tous les obstacles dans l’industrie pétrolière et gazière».
Cres investissements se justifient par plusieurs raisons. D’abord il y a un environnement jugé plus favorable suite aux mesures prises par le président Tinubu pour attirer davantage d’investisseurs étrangers. Ensuite, il y a les importantes potentialités du secteur des hydrocarbures nigérian. En effet, le premier producteur de pétrole du continent dispose des 7e réserves mondiales de gaz naturel. Des réserves très faiblement exploitées actuellement.
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En effet, en 2022, la production gazière du pays s’est établie à 46 milliards de mètres cubes, alors que les réserves sont estimées à plus de 5.284 milliards de mètres cubes. La production est limitée du fait que les exportations sont uniquement assurées sous forme de GNL.
Toutefois, cette donnée devrait changer les années à venir avec le projet de construction du gazoduc Nigeria-Maroc. Ce gazoduc devrait permettre au Nigeria d’évacuer ses importantes réserves, ainsi que ceux des pays de l’Afrique de l’Ouest, vers le marché européen, via un gazoduc qui reliera le Nigeria au Maroc en traversant toute la côte ouest-africaine.
A ce titre, il faut souligner que si l’investissement de TotalEnergies concerne aussi bien le pétrole que le gaz, celui de Shell sont orienté uniquement vers le gaz. Disposant des 7e réserves du monde et les premières d’Afrique, le Nigeria n’est pourtant que le 3e exportateurs de gaz du continent. Et pour cause.
Tout le gaz du pays est actuellement exporté sous forme de GNL du fait de l’absence d’un gazoduc reliant le pays aux marchés européens. Une situation qui n’avait pas encouragé le pays à accorder une grande importance à l’exploitation de ses importantes réserves gazières.
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Avec ces importants investissements, le Nigeria, à l’instar des majors qui souhaitent réduire leur exposition sur le pétrole, va miser à l’avenir à venir sur son potentiel gazier que le gazoduc pourra évacuer vers le marché européen à moindre coût.
D’ailleurs, la première économie africaine n’a pas hésité à annoncer sa volonté d’injecter 12,5 milliards de dollars à la réalisation de cette infrastructure structurante, soit l’équivalent de la moitié du coût projeté de ce projet.
L’intérêt porté par des géants du secteur pétrolier et surtout gazier et les investissements colossaux annoncés contribueront à la réalisation du projet du gazoduc Nigéria-Maroc qui permettra d’approvisionner l’Europe en gaz à des coûts très compétitifs.