Le fonds souverain d’Abou Dhabi, ADQ, a confirmé des investissements de 35 milliards, dont la majorité seront destinés au développement de Ras el-Hikma, une ville sur la côte méditerranéenne.
Les investissements pour cette ville entrent dans le cadre du plan national de développement urbain «Egypte 2052» visant notamment à développer la côte nord et à faire de cette ville une destination touristique mondiale.
Le gouvernement compte sur ces investissements étrangers pour tenter notamment de contribuer à résoudre la crise des devises étrangères en Egypte, alors que le pays est en difficulté pour rembourser sa dette extérieure qui s’élève à près de 165 milliards de dollars.
Selon M. Madbouli, ces investissements permettront également de résoudre «la présence de deux prix pour le dollar», en référence au taux officiel pratiqué par les banques qui, la plupart du temps, refusent de céder des dollars à leurs clients et à celui, deux fois plus élevé, pratiqué sur le marché noir.
L’accord signé vendredi entre les deux pays prévoit le versement «de 15 milliards de dollars d’ici une semaine et un second versement, deux mois après le premier, de 20 milliards de dollars», a précisé M. Madbouli lors d’une conférence de presse.
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«ADQ va acheter les droits de développement de Ras El-Hikma pour 24 milliards de dollars afin d’en faire l’une des plus grandes villes nouvelles développées par un consortium privé», a annoncé de son côté le fonds souverain d’Abou Dhabi.
Politique de développement
Quelque 11 milliards de dollars seront également consacrés à des investissements dans «des projets de premier plan dans toute l’Egypte», a-t-il ajouté.
Fondé en 2018, ADQ est dirigé par le frère du président des Emirats Arabes Unis, cheikh Tahnoun ben Zayed.
Située à environ 350 kilomètres au nord-ouest du Caire, Ras el-Hikma est appelée à devenir une «destination de vacances, (...) un centre financier et une zone franche dotée d’une infrastructure de classe mondiale pour renforcer le potentiel de croissance économique et touristique de l’Egypte» a affirmé ADQ.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi dit vouloir faire du «développement» sa priorité. Les économistes, eux, dénoncent des mégaprojets -villes nouvelles dont la nouvelle capitale, trains à grande vitesse, ponts et routes– qui n’ont fait, selon eux, que siphonner les caisses de l’Etat et tripler la dette.
L’Egypte est désormais le deuxième pays le plus à risque de faire défaut de sa dette, juste derrière l’Ukraine en guerre.
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Pour les experts, les raisons de s’inquiéter s’accumulent: les rentrées en devises du tourisme sont en baisse depuis des années et les attaques des rebelles houthis du Yémen en mer Rouge et dans le golfe d’Aden font désormais baisser les revenus en dollars du canal de Suez, passage crucial pour le commerce mondial.
Pire encore, les envois d’argent des travailleurs égyptiens à l’étranger -loin devant les recettes du secteur touristique et des droits de transit à Suez- ont baissé d’environ 30% au premier trimestre 2023/2024.
Le Fonds monétaire international (FMI) a accordé un prêt de trois milliards de dollars à l’Egypte fin 2022, mais les tranches de prêt et les examens de programme ont été maintes fois reportés jusqu’à ce que Le Caire avance sur les réformes économiques, y compris un «taux de change entièrement flexible», comme le stipule le FMI.
Deux tiers des Egyptiens vivent en dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté, alors que l’inflation s’élève à 35%.