Moody’s Ratings a réduit les perspectives de croissance économique d’Afrique du Sud à 1,5% contre 2% attendus précédemment, tandis que William Gumede, professeur associé à l’Ecole de gouvernance Wits, estime que les prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) du Trésor national de 1,9% sont basées sur des hypothèses «très optimistes».
Les projections de Moody’s sont plus optimistes que celles du FMI, qui s’attend à ce que l’économie sud-africaine ne croisse que de 1% cette année et de seulement 1,3% en 2026.
De son côté, l’analyste économique Lisette IJssel de Schepper a déclaré lors d’une rencontre que la croissance de l’Afrique du Sud est également affectée par les tensions et les divisions au sein du gouvernement d’unité nationale.
Toutefois, elle a indiqué que la principale source d’incertitude actuelle concerne la politique tarifaire, arguant que «le risque de changements politiques soudains reste réel».
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Les économistes s’accordent ainsi à dire que les prévisions du Trésor sud-africain ne reflètent pas les obstacles structurels actuels à la croissance du pays, notamment les problèmes de service public, de gouvernance, de politique et de surendettement.
«Si l’Afrique du Sud maintient sa politique économique actuelle ou devient plus populiste sur le plan économique et si elle n’est pas en mesure de parvenir à un accord de compromis avec les États-Unis, il est peu probable qu’elle obtienne même la croissance économique de 1,9% du PIB prévue par le Trésor dans le budget 2024/2025», notent-ils.
Au cours de la dernière décennie, l’économie sud-africaine n’a progressé que de 0,7% par an, tandis que la population du pays a augmenté de 1,5% par an.
Selon les Perspectives macroéconomiques mondiales 2025-26 de Moody’s, un ralentissement de la croissance mondiale est en cours, l’incertitude politique accentuant les risques.
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L’agence prévient dans son rapport que les hausses de droits de douane imposées à certains pays et les droits de douane sectoriels élevés sur des produits tels que l’acier et l’aluminium pèseront sur les décisions commerciales et d’investissement mondiales, avec des conséquences considérablement négatives sur la croissance de la plupart des économies du G20.
L’incertitude entourant les politiques économiques mondiales risque de peser sur la consommation, les entreprises et l’activité financière. Malgré une pause et une réduction de certains droits de douane, l’incertitude politique et les tensions commerciales, notamment entre les États-Unis et la Chine, risquent de freiner le commerce et l’investissement mondiaux, avec des conséquences pour l’ensemble du G20, souligne-t-on.