Fraser Institute, think tank canadien spécialisé dans la recherche et la formation, a publié son rapport 2025 sur les «Libertés économiques dans le monde». Cette étude évalue dans quelle mesure les politiques et les institutions des Etats sont compatibles avec la protection et la liberté des individus et leurs capacité à prendre leurs propres décisions économiques.
Selon Fraser Institute, les bases de la liberté économique sont le choix personnel, les échanges volontaires, la liberté d’accéder aux marchés, la libre concurrence et la sécurité des personnes et des biens.
Ainsi, la liberté économique prend en compte les diverses contraintes qui pèsent sur l’activité économique dont le droit de propriété, la solidité des contrats privés, l’indépendance de la justice, les diverses formes de corruption, la pression fiscale, le poids de la dette publique, la législation sur les licenciements, l’ouverture des frontières au commerce international…
L’Economic freedom of the world index (EFW index) 2025 de Fraser Institute mesure les perturbations du fonctionnement des processus de marché par les organisations publics, soit directement par l’interventionnisme étatique, soit indirectement par le biais de la règlementation et des institution de marché.
En tenant compte de tous ces éléments, Friser Institute se base sur cinq indicateurs fondamentaux: taille du gouvernement (dépenses du gouvernement, fiscalité, taille des entreprises…), système juridique et droits à la propriété (indépendance de la justice partiale, intégrité du système judiciaire…), accès à une monnaie saine et stable (inflation, masse monétaire…), liberté de faire du commerce à l’international (liberté d’échange, droits tarifaires, taux du marché au noir de devises…) et la régulation des marchés (travail, crédit,…). Chaque indicateur comprend des sous-indicateurs pour un total de 43 variables.
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A chaque critère est accordé une note allant de 1 à 10 points (avec 10 comme meilleure note). Suivant la note globale obtenue, un classement pays est effectué pour chaque critère et un classement général indique le rang de chaque pays en matière de liberté économique.
Pour cette édition, 165 pays ont été passés au peigne fin en matière à partir des données de 2023. D’après le classement, Hong Kong (1er avec un score de 8,55/10), Singapour (2e avec un score de 8,50), la Nouvelle-Zélande (3e), la Suisse (4e), les États-Unis (5e), l’Irlande (6e), l’Australie et Taïwan (7e ex-aequo), le Danemark (9e) et les Pays-Bas (10e) dominent le classement des libertés économiques.
Ce sont les pays qui offrent les meilleures conditions pour lancer et réussir son business, où on ne subit pas les foudres d’une justice aux ordres, les aléas de la monnaie, qui garantissent une bonne gouvernance et dont le marché est ouvert à l’international. Il s’agit globalement des pays où les niveaux de vie sont élevés, les citoyens plus satisfaits, des gouvernements moins corrompus,…
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Au niveau du continent africain, l’ile Maurice (21e mondial avec un score de 7,73), les Seychelles (31e, avec un score de 7,58), le Cap-Vert (44e, avec un score de 7,39, la Gambie (68e) et le Botswana (69e) sont les pays du continent les mieux classés.
En Afrique du Nord, globalement, les pays sont mal classés. En effet, un seul pays de la région figurent dans le Top 100 mondial. Il s’agit du Maroc classé au 94e rang mondial et 10e en Afrique avec un score de 6,38.
Casablanca Finance City: le Maroc avec un score de 6,88 est le seul d'Afrique du Nord a obtenir une note supérieure à la moyenne mondiale (6,59). Le Royaume se classe au 10e rang africain et au 94e mondial de l'indice des libertés économiques de Fraser Institute.
Le Maroc est le seul pays de la région à bénéficier des notes supérieures à la moyenne au niveau des cinq indicateurs de l’indice des libertés économiques. Le Royaume doit son classement aux notes obtenues au niveau des critères: taille du gouvernement avec un score de 6,88 qui le positionne au 70e rang mondial, système juridique et droits de propriété (Score de 5,36, 75e rang mondial), stabilité de la monnaie (score de 6,35, 128e rang mondial), la liberté de faire du commerce international (score de 7,09, 89e mondial) et régulation (score de 6,24, 95e mondial).
Ces notes expliquent pourquoi le Royaume jouit d’une meilleure attractivité au niveau de la région auprès des investisseurs étrangers.
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Au niveau de la région, le Maroc devance la Mauritanie (score de 6,09, 111e mondial), la Tunisie (5,88; 124e mondial), l’Egypte (5,08; 149e mondial), la Libye (4,80; 157e mondial) et l’Algérie (4,24; 162e mondial).
Les notes par pays de l’indice des libertés économiques de Fraser Institute
| Pays | Rang mondial | Taille du gouvernement | Système juridique et droits à la propriété | Monnaie saine et stable | Liberté de faire du commerce à l’international | Régulation des marchés |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Maroc | 94e | 6,88 | 5,36 | 6,35 | 7,09 | 6,24 |
| Mauritanie | 111e | 6,39 | 3,45 | 7,75 | 6,79 | 6,08 |
| Tunisie | 124e | 5,41 | 4,62 | 7,14 | 6,59 | 5,61 |
| Egypte | 149e | 5,32 | 3,49 | 5,96 | 6,12 | 4,15 |
| Libye | 157e | 3,60 | 3,36 | 7,06 | 5,70 | 4,27 |
| Algérie | 162e | 4,30 | 3,79 | 6,38 | 2,59 | 4,12 |
Source: Fraser Institute
Pour l’Algérie, la meilleure note obtenue pays concerne le critère de monnaie saine et stable avec un score de 6,38 le classant au 125e rang mondial. Toutefois, sur ce point, il faut souligner que la relative stabilité du dinar algérien s’explique uniquement par l’interventionnisme de la Banque centrale algérienne qui fixe le taux officiel du marché de change. Et celui-ci est décalé de la réalité.
Ainsi, le véritable baromètre de change en Algérie est le Square Port-Saïd à Alger. Ainsi, alors que 1euro s’échange contre 152 dinars algériens sur le marché officiel, il en faut 262 dinars pour le même euro au niveau du marché parallèle. D’où un gap de change de 110 dinars entre le marché officiel et le marché parallèle. La stabilité de la monnaie algérienne, reflétée par le cours officiel, est donc artificielle.
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Pour les autres indicateurs, le pays affiche un score de 3,79 au niveau du système juridique et droits de propriété le plaçant au 131e rang mondial. Le ranking du pays est encore plus mauvais pour les critères régulation (score de 4,12 et 160e mondial), taille du gouvernement (4,3;163e mondial) et liberté de faire du commerce à l’international (2,59; 164e mondial). Pour ce dernier critère, le classement de l’Algérie au 164e/165 n’est pas étonnant. Depuis plusieurs années, afin de maintenir un semblant de réserves de change élevé, le pays a multiplié les interdictions d’importation de nombreux biens dont l’automobile et multiplié les contraintes auxquelles font face les opérateurs locaux du commerce extérieur.
Tout compte fait, l’Algérie se classe au 162e rang mondial sur 165 pays, ne devançant que le Soudan (Score de 4,0, 163e mondial), le Zimbabwe (3,91; 164e mondial) et le Venezuela (3,11; 165e mondial). Un classement qui traduit la mauvaise image du pays auprès des investisseurs et opérateurs économiques qui s’explique par l’autoritarisme du régime et sa mauvaise gouvernance qui rétrécit les libertés d’entreprendre et d’investir. Ce qui explique aussi la faible diversification de l’économie algérienne qui repose sur la rente pétrolière qui assure, bon an mal an, autour de 95% des recettes d’exportation du pays.











