Le tourisme occupe une place de plus en plus centrale dans les stratégies de développement des pays africains. La nouvelle dynamique du secteur après trois années difficiles -Covid-19 et guerre Russie-Ukraine- devrait encore pousser les Etats à accorder plus d’attention à ce secteur stratégique créateur d’emplois et générateurs de recettes en devises.
Toutefois, pour capter davantage de touristes, les pays africains doivent investir massivement dans les infrastructures (routes aéroports, hôtels…), développer des offres diversifiées, améliorer leur connectivité aérienne, développer des territoires attractifs et promouvoir leurs destinations (marketing territorial, nation branding et global branding).
A ce titre, les participants nationaux et étrangers ont débattu de la question dans deux panels: «L’attractivité des investissements touristiques en Afrique» et les «Investissement touristiques innovants pour un tourisme durable en Afrique».
Lors du premier panel, l’accent a été mis sur l’état des lieux des investissements touristiques au niveau du continent et la construction d’une identité territoriale attractive pour les investisseurs. Dans le second, les panélistes se sont penchés sur les investissements innovants pour un tourisme durable en Afrique.
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Mohamed Jouhari, Directeur général Casablanca Events et Animation, a insisté sur la nécessité de promouvoir les territoires avec des approches stratégiques, une amélioration du climat des affaires pour attirer aussi bien les investisseurs nationaux qu’étrangers, développer les infrastructures, la promotion des territoires africains… Toutefois, souligne-t-il, «cela ne doit pas se faire au détriment de la durabilité et de l’inclusivité».
C’est dans ce cadre que s’inscrit les importants investissements entreprises au niveau de la région Casablanca-Settat, comme l’a expliqué Othman Cherif Alami, président du Conseil régional du tourisme (CRT) de la région Casablanca-Settat, en revenant sur les grands chantiers d’investissements en cours et projetés dont l’ambitieux programme d’investissement de Royal Air Maroc pour plus de connectivité aérienne, les projets de l’ONCF pour développer le secteur ferroviaire, notamment le TGV, la mise en place des moyens de développement de la mobilité urbaine durables (tramway, RER et busway),...
A cela, s’ajoutent de nombreuses infrastructures réalisées et/ou en cours de réalisation ou projetés dont le Grand théâtre de Casablanca, le quai touristique au niveau du port de Casablanca, le Terminal III de l’aéroport Mohammed V, le grand Centre de conférence à la foire de Casablanca, le Grand musée de Casablanca, l’Acquarium géant de Casablanca, le musée archéologique… «Tous ces investissements visent à faire de Casablanca une capitale contemporaine», a souligné le président du CRT de la région Casablanca-Settat. Autant de réalisations qui pourront contribuer à l’objectif de 6 millions de touristes à l’horizon 2030 pour Casablanca.
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Ces infrastructures contribueront à améliorer l’attractivité de Casablanca et du Maroc qui doit accueilli deux évènement sportifs majeurs dans les années à venir: la Coupe d’Afrique des nations (CAN) et la Coupe du monde 2030.
Seulement, comme il l’a souligné, en dépit des potentialités énormes du continent africain, celui-ci n’attire qu’à peine 6% du tourisme mondial, en termes d’arrivées. Pour y remédier, en plus des investissements dans les infrastructures «il faut ”marketer” nos territoires et mettre la lumière sur les destinations africaines».
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Un point sur lequel est revenu Abdou Diop, managing partners de Mazars Maroc, qui a rappelé la faible contribution du tourisme au continent africain, comparativement au reste du monde. Avec 7% du PIB du continent, contre environ 10% pour le reste du monde, et 5,6% des emplois créés, contre 10% à l’international, le potentiel touristique africain est loin d’être exploité.
Pire, selon Zouhir Bouhoute, expert en tourisme, si le continent attire 5% des tourismes mondiaux, elle «n’engrange que 1% des recettes touristiques mondiales» et ne compte que 1 million de chambres touristique sur 17 millions au niveau mondial.
Pourtant, l’Afrique dispose d’un potentiel touristique exceptionnel non exploité. Et pour tirer profit de ce potentiel, il faut relever un certain nombre de défis, souligner Abdou Diop, listant, entre autres défis, le déficit en infrastructures (routes, hôtels, infrastructures de loisirs…), développer la connectivité aérienne, améliorer la perception/image du continent. «Il faut changer le narratif africain» et «travailler sur le volet marketing du continent», soulignant «la nécessité l’Afrique au marketing territorial». Il cite à ce titre Royal Air Maroc dont la dernière signature est «Dream Africa Meet Morocco».
Une signature lancée en octobre dernier dans 28 pays, selon Sana Tazi, directrice marketing de Royal Air Maroc «qui met l’accent aussi bien sur le Maroc que l’Afrique» et «qui traduit le positionnement de la RAM qui accompagne son continent sur le chemin du progrès».
C’est dans cette optique aussi que s’inscrit le projet ambition du développement de la flotte de Royal Air Maroc (RAM) qui vise à quadrupler sa flotte en la faisant passer de 50 appareils en 2023 à 200 avions en 2037 et porter son réseau de destination de 99 actuellement à 149 en 2027.
Grâce à cette flotte et à la densification de son réseau, la compagnie compte faire passer de 7,5 à 31,5 millions le nombre de passagers transportés sur la période 2023-2037 et contribuer ainsi à dynamiser le tourisme marocain et africain et améliorant la connectivité du Maroc et du continent.
A ce titre, d’ici 2027, 6 nouvelles lignes «point à point» ont été annoncées par la compagnie: Tripoli, N’Djamena, Abuja, Nairobi, Johannesburg et l’île du Sal (Cap Vert). A l’horizon 2037, l’objectif de la RAM est de connecter toutes les capitales africaines à son hub de Casablanca et jouer ainsi sa participation dans l’amélioration de la connectivité au sein du continent.
En tout cas, ce forum vient à point nommé avec le renouveau du tourisme au niveau mondial en général et en Afrique en particulier. En 2022, le continent a vu ses arrivées de tourismes croître de 132%, par rapport à l’année précédente, contre une moyenne mondiale de 102%. Et 2023 s’annonce déjà comme une année record au niveau du continent, à la lumière des données disponibles pour de nombreux pays (Maroc, Egypte, Tunisie, Afrique du Sud, Kenya…) au terme des trois premiers trimestres de l’année.
Pour le Maroc, il intervient également dans le sillage du lancement de la nouvelle feuille de route du secteur touristique avec l’ambition d’atteindre 17 millions d’arrivées en 2026 et 26 millions dès 2030.