Mali. Hausse de certaines taxes: pour l’effort de guerre ou une conséquence de la sortie de la Cedeao?

Une station d'antenne de télécommunication à Bamako.

Le 25/02/2025 à 09h12

VidéoLa hausse des taxes sur les télécommunications, les transferts d’argent et l’alcool continue de susciter moult commentaires à Bamako. Certains jugent normal que l’État prélève plus de taxes pour faire face à l’effort de guerre, d’autres y voient une conséquence du retrait du pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

«Nous avons été surpris de voir en conseil des ministres que suite au retrait du Mali de la Cedeao, les autorités de la transition pour la mobilisation des ressources internes du pays ont décidé de procéder à un certain nombre de taxation relatif aux télécommunications et aux transferts d’argent et l’alcool». Ces mots sont de Abdina Karembé, président du mouvement national de la jeunesse ASMA-CFP. Pour lui, «le gouvernement devrait d’abord faire une large sensibilisation de la population avant de prendre de telle décision».

Selon Karembé, les gouvernants devraient expliquer au peuple que «suite au retrait du Mali de la CEDEAO, l’Etat a des difficultés financières. Les autorités devraient associer la population pour adopter une stratégie de mobilisation interne des ressources».

Pour rappel, le 10 février dernier, le gouvernement a décidé d’augmenter la taxe sur l’accès aux réseaux de télécommunications de 5 à 7% et a introduit une contribution spéciale sur les opérations de retrait d’argent via le mobile money. Pour chaque recharge de 1.000 francs CFA, le consommateur recevra 900 francs CFA de crédit, soit une retenue de 10%. Concernant les transactions de mobile money, le client paiera des frais de retrait de 200 francs CFA pour un montant de 10.000 francs CFA, contre 100 francs CFA précédemment, ce qui correspond à une augmentation de 1% pour l’opérateur et de 1% pour l’État.

Selon Karembé estime qu’un certain nombre de ministères devraient être chargés de LA mission «d’engager des réflexions sur la décision gouvernementale avant l’adoption de la décision». Pour lui, «les consommateurs payent déjà assez, s’il faut encore en rajouter, c’est très difficile pour le Malien lambda».

En revanche, Ibou Sy, ingénieur en télécommunication, salue cette initiative «j’ai soutenu cette idée il y a deux ans de cela. L’Etat a mis du temps avant de prendre cette décision, car ces taxes devront servir à soutenir l’effort de guerre». Mieux encore, l’ingénieur incite l’Etat à aller plus loin, en élargissant la taxation à la diaspora qui selon lui «envoi 600 à 700 milliards de francs CFA chaque année. Il est nécessaire de taxer chaque envoi afin que l’Etat puisse avoir des ressources pour financer la guerre qui est imposée au Mali et de disposer de ressources nécessaires aux services sociaux de base».


Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)
Le 25/02/2025 à 09h12