Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire: les menaces commerciales à suivre de près en 2025, selon Allianz

Le 14ème baromètre d'Allianz dresse un panorama des principaux risques au cœur des préoccupations des entreprises en 2025.

Le 21/01/2025 à 15h15

Selon le dernier Baromètre des risques d’Allianz, la cybersécurité et les défis environnementaux dominent les préoccupations des entreprises africaines pour 2025. Plus en détail, quid des entreprises du Maroc, du Sénégal, et de la Côte d’Ivoire ?

C’est sur fond d’attaque de camionneurs marocains entre le Burkina Faso et l’Ouest du Niger, qu’on pourrait qualifier de risque «Sécurité des transports» ou risque d’«Insécurité routière transfrontalière», que nous braquons nos projecteurs sur le baromètre annuel des risques pour l’année 2025 de l’assureur Allianz. Ce 14ème baromètre dresse un panorama des principaux risques au cœur des préoccupations des entreprises au cours de l’année qui commence. Il compile les avis de 3.778 experts en gestion des risques issus de 106 pays.

Pour la région Afrique, avec 690 répondants, «les entreprises identifient les cyberincidents comme leur principale préoccupation commerciale pour 2025, avec 37% des réponses». Soulignons que ce risque était déjà en tête du classement l’an dernier à 33%. Cela s’explique en grandes partie par le fait que les attaques cybernétiques se multiplient et se complexifient en Afrique, rendant cette menace de plus en plus difficile à contenir pour les entreprises peu préparées. Idem à l’échelle mondiale où le cyber-risque est le principal risque commercial. Les entreprises identifient les cyberincidents tels que les violations de données ou les attaques de ransomware, ainsi que les perturbations informatiques, comme les incidents CrowdStrike, comme leur principale préoccupation commerciale pour l’année 2025 (38% des réponses globales).

La deuxième préoccupation majeure en Afrique concerne les changements réglementaires (26%). «Avec l’évolution constante des directives en matière environnementale, sociale et de gouvernance, de nombreuses entreprises craignent de ne pouvoir s’adapter assez vite», analyse un spécialiste en droit des affaires.

Au troisième rang viennent les risques macroéconomiques comme l’inflation (21%). Dans un contexte de tensions géopolitiques mondiales, l’Afrique n’est pas épargnée par les chocs économiques.

L’interruption d’activité, notamment liée aux perturbations des chaînes d’approvisionnement, constitue la quatrième menace (20%). La dépendance vis-à-vis de partenaires lointains fragilise les opérations de nombreuses entreprises africaines. Un fait marquant est l’entrée du changement climatique dans le top 5 des risques (19%), illustrant la prise de conscience croissante de cette problématique.

Zoom sur le Maroc, le Sénégal et la Côte d’Ivoire

Sur le continent africain, Allianz Commercial fait un focus sur 14 pays africains pour lesquels il dresse un top 10 des risques dans son baromètre 2025. Il s’agit du Cameroun, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Kenya, Maurice, le Maroc, le Nigeria, le Sénégal, l’Afrique du Sud, l’Ouganda. A ces pays, s’ajoutent 4 autres, notamment le Burundi, Madagascar, la Zambie et le Zimbabwe, qui font pour la première fois l’objet d’un focus pays. Dans le cadre de notre article, nous nous focalisons sur trois d’entre eux: le Maroc, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.

Au Maroc, les cyberincidents constituent la principale préoccupation des entreprises pour 2025, avec 58% des réponses. Soulignons que ce risque était seulement classé 3ème en 2024. Une tendance qui reflète l’environnement numérique en constante évolution et la nécessité accrue de se prémunir contre les cybermenaces telles que le cybercrime, les perturbations des réseaux informatiques et les violations de données. Les catastrophes naturelles (46%) et le changement climatique (27%) occupent respectivement la 2ème et 3ème place des risques les plus redoutés par les entreprises questionnées au Maroc. Le Maroc reste sensible aux aléas météorologiques extrêmes, comme en témoigne la 1ère place accordée aux catastrophes naturelles dans le rapport de 2024.

Les évolutions du marché (23%) et l’impact des nouvelles technologies (23%) émergent comme de nouvelles préoccupations majeures pour 2025 au Maroc. La réglementation changeante (19%) et les risques d’incendie/explosion (19%) complètent le top des risques dans le Royaume.

Au Sénégal, les risques liés aux incendies/explosions (31%) et aux évolutions du marché (31%) arrivent ex-æquo en tête des préoccupations pour 2025. Un classement qui marque une certaine stabilité par rapport à 2024, où ces mêmes risques occupaient déjà les premières places.

Les cyberincidents (28%) et l’insolvabilité (24%) suivent de près. La perte de réputation (24%), un nouveau risque dans le top 10 en 2025, souligne l’importance croissante accordée à l’image de marque au Sénégal.

Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, les risques politiques et la violence (35%) constituent la principale menace identifiée pour 2025, maintenant leur première position de 2024. Une persistance qui témoigne d’un environnement politique et sécuritaire fragile dans le pays.

Toujours en Côte d’Ivoire, les interruptions d’activité (29%) et la perte de valeur de marque (29%) émergent comme de nouvelles priorités pour 2025. Le changement climatique (24%) et les cyberincidents (24%) complètent les principaux défis à relever. Un palmarès qui reflète les défis multidimensionnels auxquels sont confrontées les entreprises africaines en 2025.

Les nouveaux risques du Top 10 des préoccupations

Au niveau continental, un risque qui gagne en importance est celui des « Market developments » (évolutions du marché, concurrence accrue, fusions-acquisitions, stagnation du marché, etc.), qui fait son entrée dans le Top 10 africain en 2025 à la 8e place avec 16% des réponses. C’est dire que dans un environnement économique en mutation rapide, la surveillance étroite des dynamiques de marché devient cruciale pour les entreprises africaines.

Au Maroc, deux nouveaux risques émergent dans le Top 10: les «New technologies» (impact des risques liés à l’intelligence artificielle, aux machines connectées/autonomes, etc.) à la 4e place ex æquo avec 23% des réponses, et la «Loss of reputation or brand value» (perte de réputation ou de valeur de marque liée aux critiques publiques) à la 10e place avec 12% des réponses. Ainsi, l’essor rapide des nouvelles technologies et la sensibilité accrue aux enjeux de réputation sont des défis majeurs pour les entreprises marocaines à l’ère du numérique.

Au Sénégal, deux risques font également leur apparition: la «Loss of reputation or brand value» à la 4e place ex æquo avec 24% des réponses, et les «New technologies» à la 7e place ex æquo avec 14% des réponses. C’est dire que la réputation et l’adoption des nouvelles technologies deviennent des facteurs clés de compétitivité pour les entreprises sénégalaises opérant dans un environnement concurrentiel de plus en plus mondialisé.

En Côte d’Ivoire, trois nouveaux risques émergent: les «Critical infrastructure blackouts or failures» (pannes ou défaillances des infrastructures critiques comme l’électricité, les barrages, les ponts, etc.) à la 6e place ex æquo avec 18% des réponses, le risque «Fire, explosion» également à la 6e place ex æquo, et le «Macroeconomic developments» (évolutions macroéconomiques comme l’inflation, les politiques monétaires, etc.) à la 6e place ex æquo. Ce qui traduit le fait que les défis liés aux infrastructures, aux risques industriels et à la stabilité macroéconomique gagnent en importance dans un contexte de croissance rapide dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Au vu de ce qui précède, il apparaît clairement que les entreprises africaines doivent désormais composer avec de nouveaux risques émergents, liés notamment à l’évolution technologique, aux enjeux de réputation, aux dynamiques de marché et aux défis infrastructurels. Les entreprises en Afrique doivent impérativement renforcer leurs défenses face à la cybercriminalité galopante. En parallèle, l’urgence climatique et les changements réglementaires accrus nécessitent une adaptation en profondeur de leurs modèles d’affaires.

Par Modeste Kouamé
Le 21/01/2025 à 15h15