Mauritanie: des Assises pour développer un marché des assurances encore embryonnaire

Les états généraux des assurances en Mauritanie.

Le 09/12/2025 à 16h16

VidéoEn organisant les états généraux de l’assurance, les 8 et 9 décembre, la Mauritanie ambitionne de développer un secteur qui ne représente que 0,33% du PIB, bien en deçà de la moyenne africaine qui est de 2%. En leur qualité d’investisseurs institutionnels, les compagnies d’assurances devraient jouer un rôle majeur au sein de la future Bourse de Nouakchott.

Dans la lancée d’une loi nouvelle législation adoptée en septembre 2025, lui concédant la supervision du secteur, la Banque Centrale de Mauritanie (BCM), organise les états généraux des assurances, pour impulser une profonde réforme. Ces assises réunissent plusieurs centaines de professionnels du secteur des assurances, des experts, des investisseurs, des acteurs des forces de sécurité…

Bien que garantissant les investissements, consolidant l’emploi et préservant le tissu économique, le marché de l’assurance mauritanien demeure embryonnaire, c’est ce qui ressort du rapport de 2022 selon lequel «la contribution de l’assurance au PIB de la Mauritanie est de 0,33% en 2022 contre 0,27% en 2019, cette contribution est relativement faible par rapport à la moyenne en Afrique qui est de 2% en raison, entre autres, de la non application rigoureuse des assurances obligatoires».

En plus de cette faible contribution à l’économie nationale, le marché de l’assurance est excessivement dominé par l’assurance auto qui s’accapare 74% du nombre total des assurés.

Ces Assises de Nouakchott se veulent une nouvelle étape dans la réforme et la modernisation du secteur assurantiel. La restitution du diagnostic du secteur sera réalisée par Finactu consulting et corporate finance, un cabinet privé basé à Casablanca au Maroc qui dressera «le diagnostic d’un secteur peu développé, mais avec un fort potentiel de croissance, qui enregistre depuis 2020 une dynamique positive, portée quasi-exclusivement par le segment non-vie» mais que les réformes préconisées pourraient tripler et même multiplier par un facteur de 9 la taille du marché.

Géraldine Mermoux, sa directrice associée rappelle que Finactu consulting et corporate finance «a accompagné le processus de transformation de plusieurs marchés des assurances notamment au Maroc, en Tunisie et dans d’autres pays africains. Nous avons été mandatés par la Banque Centrale de Mauritanie pour réaliser un contrat programme en Mauritanie».

Avec une population de cinq millions d’habitants, la Mauritanie compte 17 compagnies d’assurances, dont 10 opérant quasi exclusivement dans la tranche automobile.

Aminata Kane, vice-gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM), décline l’objectif d’une assurance «qui protège les individus, les entreprises et les biens, tout en apportant un service utile à tous les citoyens de la République, avec des produits adaptés».

Moustapha Kane, directeur des Assurances à la BCM, est revenu sur «le lancement prochain de la Bourse de Mauritanie au sein de la quelle les compagnies d’assurances devraient jouer un rôle majeur en qualité d’investisseurs institutionnels».

En avril dernier, Dehby Mohamed Lemine, gouverneur de la BCM, et le directeur général de la Bourse de Casablanca, Tarik Senhaj avaient signé un accord pour le développement d’un marché boursier en Mauritanie, le renforcement des capacités locales à travers des programmes de formation et le partage de bonnes pratiques entre les deux pays.

Les Assises de Nouakchott devraient déboucher sur un contrat programme, entre la BCM et les compagnies d’assurances, mais aussi l’élaboration d’un code des assurances qui devrait remplacer la loi de 1993.

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 09/12/2025 à 16h16