En matière d’ensoleillement, s’il est un continent gâté par la nature c’est bien l’Afrique. Le continent est exposé au soleil pendant 3.000 heures par an. Ce qui en fait un endroit idéal pour les installations solaires photovoltaïques et éoliennes mondiales.
Curieusement, la capacité électrique installée en Afrique, en termes de renouvelables, ne représente que seulement 1%.
Un véritable paradoxe qui s’expliquerait par plusieurs facteurs, en l’occurrence le déficit de financement pour le secteur énergétique. De 2014 à 2022, les injections d’argent ont enregistré un grave déclin passant de 150 à 90 milliards de dollars.
Pour ce qui est de l’investissement proprement dit dans les énergies renouvelables, il ne représente que 30 milliards de dollars.
Complexe solaire Noor Midelt . DR
Un petit montant avec un fort potentiel pour l’Afrique mais qui renseigne sur le déficit de financement pour les énergies vertes sur le continent. Or, en Afrique subsaharienne, environ 46% des habitants n’ont pas accès à l’électricité.
Ce qui représente un total de 220 millions de personnes qui se voient limités dans leur capacité d’entreprendre et d’accéder à des services de base comme l’éducation. Au même moment, des perspectives à long terme laissent croire une forte demande en énergie sur le continent. A l’horizon 2050, la population africaine devrait doubler pour s’établir à 2,4 milliards de personnes.
Au moins 200 milliards de dollars d’investissement par an
A ce rythme, pour un accès universel à l’électricité, il faudrait au moins 200 milliards de dollars d’investissement par an en Afrique d’ici 2030. Un défi énorme pour les Etats africains. Pour autant, l’espoir est encore permis. En inscrivant la stratégie énergétique dans une vision sur le long terme, en misant notamment sur la diversification du mix énergétique et le développement des énergies renouvelables, certains États commencent à entrevoir le bout du tunnel.
C’est le cas du Sénégal qui s’est engagé à porter de 31% à 40% la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici à 2030, grâce notamment à une série de partenariats avec des pays comme l’Allemagne, la France, le Canada ou encore l’Union européenne autour d’un Just Energy Transition Partnership (JETP), lequel permettra à Dakar de mobiliser un financement additionnel de 2,5 milliards de dollars.
Selon l’Agence nationale pour les énergies renouvelables (Aner), le pays de la teranga est l’un des meilleurs potentiels solaires du monde, avec en moyenne 5,5 kWh/m²/jour au sol d’énergie solaire brute. Cela représente 15 millions de fois la consommation totale du pays en énergie. Mais ce n’est pas l’exemple le plus pertinent.
A l’échelle du continent, les exemples sont légion. La Namibie veut aller plus loin et vise à porter à 70% la part d’énergies renouvelables dans son mix-énergétique d’ici 2030. Un autre cas d’école, l’Ethiopie, figure parmi les pays dont le renouvelable représente plus de 90% du mix-énergétique.
Les modèles africains
Vient ensuite le Maroc. Selon l’Institut royal des études stratégiques «Le Maroc a lancé une politique ambitieuse de développement des énergies renouvelables qui vise à porter leur part dans la capacité électrique globale installée à 42% en 2020 et à 52% à l’horizon 2030.»
S’inscrivant dans cette même dynamique, le Nigeria qui traine un mix énergétique peu diversifié avec des capacités thermiques au gaz représentant 81% du mix électrique veut désormais miser davantage sur les énergies renouvelables.
Dans le pays le plus peuplé d’Afrique qui jouit d’énormes ressources pétrolières et gazières, la plateforme Dares (Distributed Access through Renewable Energy Scale-Up Nigeria) a levé un milliard de dollars pour donner accès à l’électricité à 15 millions de personnes, misant essentiellement sur des énergies propres, entre autres initiatives.
Des projets vivement encouragés par les institutions internationales telles que la Banque mondiale qui promet de fournir, d’ici 2030, l’accès à l’électricité à 75 millions de la population africaine, dont 12 % en Afrique de l’Ouest.