Du Maroc au Kenya, en passant par l’Algérie, l’Égypte et l’Afrique du Sud, la mobilité aérienne façonne le visage économique et sociétal du continent africain. «Le transport aérien a un impact considérable sur l’économie mondiale. Il crée des emplois, facilite les échanges commerciaux et stimule le tourisme, entre autres avantages.» Ce constat de l’International Air Transport Association (IATA) dans sa récente étude «La valeur du transport aérien dans 82 pays» souligne l’importance stratégique du secteur pour les économies nationales. Analysons de plus près les principales destinations au départ de cinq pays africains majeurs.
L’étude de l’association classe le Maroc, l’Afrique du Sud, l’Égypte, l’Algérie et le Kenya comme les cinq pays africains enregistrant le plus grand nombre de vols par habitant en 2023. Ce classement reflète non seulement le niveau de connectivité aérienne de ces nations, mais également leurs liens économiques, culturels et historiques avec le reste du monde.
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Selon la IATA, «le nombre de vols par habitant est estimé sur la base du trafic passagers origine-destination et de la population en 2023». Ainsi, le Maroc arrive en tête avec 333 vols pour 1.000 habitants, suivi de l’Afrique du Sud (298), l’Égypte (177), l’Algérie (138) et le Kenya (106).
Ces chiffres sont révélateurs de plusieurs facteurs clés. Premièrement, le rôle crucial joué par la situation géographique et les liens historiques de ces pays. Le Maroc, l’Algérie et l’Égypte bénéficient d’une proximité avec l’Europe, héritée de leurs liens coloniaux passés. Cette proximité facilite les échanges économiques, touristiques et humains avec le Vieux Continent.
Comprendre le calcul du nombre de vols par habitant, indicateur clé de la connectivité aérienne
L’étude de la IATA fournit un éclairage précieux sur la méthodologie utilisée pour calculer le nombre de vols par habitant, cet indicateur désormais incontournable pour mesurer le niveau de connectivité aérienne d’un pays. Comme précisé, «le nombre de vols par habitant est estimé sur la base du trafic passagers origine-destination et de la population en 2023».
Cet indicateur se base donc sur deux données principales: le trafic de passagers origine-destination (O-D) et la population du pays. Le trafic O-D comptabilise les passagers au départ et à destination du pays, excluant ainsi les passagers en correspondance qui ne font que transiter. Rapporter ce trafic O-D à la population donne alors une mesure fiable du nombre moyen de vols pris par habitant sur une année.
C’est ainsi que le Maroc se classe en tête avec 333 vols pour 1.000 habitants, suivi de près par l’Afrique du Sud (298), puis l’Égypte (177), l’Algérie (138) et le Kenya (106). Ces chiffres témoignent des degrés variables d’ouverture et de connectivité de ces économies africaines.
L’intérêt de cet indicateur réside dans sa capacité à refléter, au-delà du simple trafic aérien, l’intensité réelle des flux de personnes entrant et sortant d’un pays par avion. En le rapportant à la population, on obtient une mesure relative qui permet des comparaisons pertinentes entre pays, quelle que soit leur taille démographique.
Le nombre de vols par habitant renseigne ainsi sur les niveaux d’intégration économique, les liens commerciaux, touristiques et humains qu’un pays entretient avec le reste du monde. Plus ce ratio est élevé, plus la population est susceptible de voyager par avion, que ce soit pour le travail, les études, le tourisme ou pour rendre visite à des proches.
Cet indicateur permet donc d’évaluer les retombées socio-économiques du transport aérien, vecteur d’échanges, de mobilité et de développement durable selon les objectifs onusiens. Il complète utilement d’autres mesures comme le trafic passagers total ou le nombre de sièges disponibles.
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Bien que non exhaustif, le calcul reste robuste grâce à l’utilisation des données mondiales de la IATA et des estimations de population des Nations unies. Les défis méthodologiques résident dans la fiabilité des données nationales transmises et le traitement des flux de navetteurs transfrontaliers.
Malgré ces limites, le nombre de vols par habitant fournit un éclairage synthétique précieux sur le degré réel d’insertion de chaque pays dans les réseaux aériens et les échanges mondiaux qu’ils supportent. Cet indicateur apparaît donc comme un outil analytique stratégique pour les compagnies aériennes et les décideurs publics soucieux d’accroître la connectivité et la compétitivité de leurs économies.
Destinations prisées des Marocains: l’Europe en tête
Avec 333 vols par 1.000 habitants en 2023, le Maroc affiche l’un des taux de mobilité aérienne les plus élevés du continent. 93% de ses départs s’orientent vers l’international, l’Europe captant 85% des flux avec Paris (17,3%) et Bruxelles (6%) comme destinations reines. Un lien indéfectible avec l’ancien protectorat et la forte diaspora marocaine en Europe explique ce tropisme. Les cités française et belge côtoient Londres (5,6%) et Madrid (4%), gages de l’attractivité touristique et économique du Royaume auprès des Européens.
Afrique du Sud: une ouverture régionale contrastée
Avec 298 vols pour 1.000 habitants, l’Afrique du Sud confirme son statut de plaque tournante aérienne régionale. Seuls 29% des départs rejoignent l’international, l’Afrique (37%), l’Europe (34%) et l’Asie-Pacifique (11%) se partageant l’essentiel des flux. Si Londres (9,3%) demeure incontournable, les destinations phares sont africaines: Harare (4%), Maurice (3%), Windhoek (2,7%) et Lusaka (2,2%). Un reflet de l’intégration régionale économique et touristique chère à la Nation arc-en-ciel, qui peine toutefois à s’incarner pleinement dans les flux aériens.
Égypte: un pivot aérien tourné vers le Golfe
177 vols pour 1.000 habitants en 2023 pour l’Égypte, dont 86% à destination de l’international. Un chiffre confirmant son rôle de carrefour aérien entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient. Ce dernier concentre près de la moitié des départs, avec en tête Jeddah (11,9%), la porte d’entrée des pèlerins vers La Mecque. Riyad (7,3%), Koweït (5,4%) et Dubaï (3,5%) complètent ce podium du Golfe, capitalisant sur l’essor économique et touristique de la région. Milan (2,9%), Londres (2,8%) et Moscou (1,9%) rappellent les liens historiques avec l’Europe.
Algérie: l’empreinte française toujours prégnante
Avec 138 vols/1.000 habitants, l’Algérie témoigne de flux aériens relativement denses pour 69% d’entre eux à destination internationale. L’Europe capte près des trois quarts de ces flux, avec une prédominance écrasante de la France: Paris (29,8%), Marseille (9,5%), Lyon (7,3%) trustent les premières places. Outre les liens institutionnels forts, la présence d’une importante diaspora algérienne en France explique ce tropisme. A contrario, l’Afrique ne draine que 5% des départs, illustrant une intégration régionale encore balbutiante.
Kenya: une ouverture touristique et économique globale
Le Kenya, avec 106 vols/1.000 habitants, présente une répartition des flux aériens internationaux (40% des départs) plus équilibrée: 37% vers l’Afrique, 28% vers l’Europe, 13% vers le Moyen-Orient. Londres (7%) et Dubaï (5,2%) émergent comme portes d’entrée majeures, aux côtés de destinations régionales telles qu’Entebbe (5,4%), Johannesburg (3,2%) ou Dar Es Salaam (3,2%). Une répartition soulignant le positionnement du Kenya comme hub touristique, économique et de transit en Afrique de l’Est.
En somme, ce palmarès des destinations phares révèle des réalités contrastées. Lien indéfectible avec les anciens protectorats (Maroc, Algérie), intégration régionale plus ou moins poussée (Afrique du Sud, Kenya), rôle de pivot aérien (Égypte)... Autant de facettes d’une Afrique plurielle aux connexions aériennes façonnées par le poids de l’histoire, la géographie et les dynamiques économiques actuelles.
Le top 5 des pays africains selon le critère du nombre de vols par habitant
Pays | Nombre de vols pour 1.000 habitants | Rang |
---|---|---|
Maroc | 333 | 1er |
Afrique du Sud | 298 | 2ème |
Égypte | 177 | 3ème |
Algérie | 138 | 4ème |
Kenya | 106 | 5ème |
Source : IATA.