Le chef de l’Etat a retiré le texte le 26 juin, au lendemain d’une journée de violences marquée par l’assaut du Parlement par les manifestants.
Pour compenser, le président kényan a annoncé le 5 juillet une hausse des emprunts - d’environ 169 milliards de shillings (1,2 milliard d’euros) ainsi qu’une baisse des dépenses de l’ordre de 177 milliards de shillings (1,3 milliard d’euros).
«Les emprunts supplémentaires augmenteront notre déficit budgétaire de 3,3% à 4,6%», avait affirmé le chef de l’Etat.
Pour l’agence de notation, «la décision du gouvernement de ne pas poursuivre les augmentations d’impôts prévues et de s’appuyer plutôt sur des réductions de dépenses pour réduire le déficit budgétaire représente un changement de politique important ayant des implications matérielles sur la trajectoire budgétaire et les besoins de financement du Kenya».
En conséquence, Moody’s «a abaissé» la note de la dette à long terme du pays d’Afrique de l’Est de B3 à Caa1, poursuivant que les «perspectives restent négatives».
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«Dans un contexte de tensions sociales accrues, nous ne nous attendons pas à ce que le gouvernement soit en mesure d’introduire des mesures significatives pour augmenter les recettes dans un avenir proche», a poursuivi l’agence dans un communiqué publié lundi.
Selon l’agence officielle de protection des droits humains (KNHCR), 39 personnes sont mortes depuis la première manifestation le 18 juin.
Pour le gouvernement, ces mesures fiscales étaient nécessaires pour redonner des marges de manœuvre au pays, lourdement endetté (la dette publique représente environ 70% du PIB), et financer son ambitieux budget 2024-25 tablant sur 4.000 milliards de shillings (29 milliards d’euros) de dépenses, un record.
Mais il a été pris de court par l’ampleur prise par cette contestation baptisée «Occupy Parliament» («Occuper le Parlement»), née sur les réseaux sociaux après la présentation du budget au Parlement le 13 juin et qui a trouvé un puissant écho au sein de la «Génération Z» (jeunes nés après 1997).
L’an dernier, le gouvernement avait déjà augmenté l’impôt sur le revenu et les cotisations de santé notamment et doublé la TVA sur l’essence.
Le projet de budget a catalysé le mécontentement latent contre le président Ruto, élu en août 2022 en promettant de défendre les plus modestes mais qui a ensuite accru la pression fiscale sur la population.