Pays très riche en ressources minières, jusqu’à présent éclipsées par le poids des hydrocarbures dont le pays est le premier producteur du continent, le Nigeria compte désormais exploiter pleinement cette manne et ne plus dépendre de l’or noir.
Mais contrairement aux pays africains qui sont restés cantonnés dans l’exportation de ressources minières brutes, sans aucune valeur ajoutée locale, le Nigeria a pris la décision ferme de n’accorder des licences minières qu’aux entreprises qui s’engagent à transformer localement leur production brute et ce afin que les importantes ressources minières du pays puissent impacter positivement le développement économique du pays.
Ainsi, seules les entreprises qui présentent des plans de transformations des ressources minières localement bénéficieront des licences d’exploitation minière, selon Segun Tomori, porte-parole du ministre nigérian du développement des minéraux solides, cité par Reuters.
L’information annoncée par le porte-parole du gouvernement marque un tournant dans la politique d’octroi de licence et d’exploitation minière par le Nigeria. En clair, le Nigeria compte mettre fin aux exportations de minerais bruts en obligeant les entreprises à transformer localement les ressources minières extraites dans le pays.
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Pour inciter les entreprises locales et étrangères à transformer localement les ressources minières, les autorités nigérianes comptent offrir un environnement plus favorable aux investisseurs, notamment en accordant des incitations aux investisseurs étrangers. Parmi les incitations, des exonérations fiscales pour l’importation d’équipements miniers, la facilitation de l’obtention de licences de production d’électricité, le rapatriement intégral des bénéfices…
Et afin d’attirer des investisseurs étrangers, les autorités ont créé une structure publique dédiée aux minéraux solides et offre aux investisseurs étrangers la possibilité de détenir des participations pouvant atteindre 75% du capital des sociétés minières. De même, afin d’éliminer la concurrence déloyale des mineurs artisanaux, les autorités ont mis en place une unité dédiée à la lutte contre les exploitants illégaux de mines.
En contrepartie, les investisseurs doivent offrir les garanties d’une transformation locale des ressources minières qu’ils exploitent en implantant des usines et toutes les infrastructures nécessaires dont notamment des centrales électriques pour faire face au déficit électrique du pays.
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Cette mesure vient à point nommé au moment où de nombreux pays africains essayent de déclencher leurs processus d’industrialisation en misant sur la transformation des ressources agricoles et minières localement. C’est dire que la décision nigériane devrait faire des émules au niveau du continent.
D’ailleurs, d’autres pays de la région riches en ressources minières, sont sur la même longueur d’onde qu’Abuja. Il s’agit notamment de la RDC, du Soudan du Sud, du Botswana, de la Zambie, de la Namibie, de l’Ouganda…
A noter que le Nigeria est un pays dont l’économie repose essentiellement sur les hydrocarbures qui représentent plus de 90% des recettes d’exportation du pays. Toutefois, le pays regorge de nombreuses ressources minières non ou faiblement exploités dont le fer, l’or, l’étain,
Avec plus de 2 milliards de tonnes de réserves, le pays détient le second plus grand gisement de minerai de fer du continent et le douzième du monde. Le sous-sol nigérian contiendrait également plus de 1.000 milliards de tonnes de ressources de charbon. Le pays a aussi découvert en 2016 une variété rare de nickel, l’or, l’uranium, le lignite, le bitume, la colombite, le plomb-zinc, le cuivre et la cassitérite.
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Toutefois, ces minerais ne sont pas exploités, sinon très faiblement. On note la présence des entreprises Thor Explorations (Canada), Xiang Hui International Minig (Chine) actifs dans le secteur aurifère et African Natural Resources and Lines (Inde) qui construit actuellement un complexe de traitement de minerai de fer dans le nord du pays en y investissant 600 millions de dollars.
En 2022, le pays a exporté principalement de l’étain sous forme brut et de concentré pour une valeur d’environ 108 millions de dollars. Le pays est le second producteur d’étain du continent (11e mondial) derrière la RDC.
Conséquence, malgré cette richesse minière, l’apport du secteur minier dans l’économie nigériane est négligeable, entre seulement 0,3 et 0,5% du Produit intérieur brut (PIB) du pays.
Avec cette nouvelle politique, les autorités comptent porter cette part du secteur des mines dans le PIB du pays à 10% en 2026 tout en créant plusieurs centaines de milliers d’emplois.