D’ici quelques années, le déficit en infrastructures de transport et de logistique ne sera plus qu’un lointain souvenir au Nigeria. Après le port en eau profonde de Lekki, les projets autoroutiers de 3.000 kilomètres et plusieurs projets de chemin de fer sur plus de 1000 km, voilà que les autorités annoncent, le 12 août, un autre ambitieux projet, celui d’une ligne de Train à Grande Vitesse (TGV).
Il s’agit plutôt d’un mégaprojet, aussi bien de par sa taille, environ 4.000 km, que par son coût évalué à 60 milliards de dollars. Il s’agit d’un projet vieux d’une décennie qui devrait désormais voir le jour après l’annonce faite à Abuja par les parties prenantes au projet dont le PDG du consortium De-Sadel Samuel Uko, maitre d’ouvrage du projet, des représentants de China Liancai Petroleum Investment Holdings et d’autres partenaires du projet.
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Le TVG sera réalisé en plusieurs phases. La première couvrira une distance d’environ 1.600 km et reliera Lagos, la capitale économique, à Abuja, la capitale administrative. Cette tranche va nécessiter 55 milliards de dollars et va traverser plusieurs grandes villes dont Ibadan, Ilorin… Les autres tronçons vont permettre des jonctions entre Abuja et Kano, d’une part, et entre Lagos et Port Harcourt, d’autre part.
Portée par le consortium nigérian De-Sadel, la réalisation de la première tranche du projet est prévue sur une période de 36 mois. Toutefois, des sections partielles devraient entrer en service avant la fin du chantier.
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Concernant la matérialisation du projet, il est prévu de réaliser une infrastructure à double voie entièrement électrifiée pour accueillir des trains circulant à des vitesses commerciales de 200 à 250 km/h. Cette plateforme ferroviaire sera adaptée pour supporter des charges à l’essieu de 17 à 20 tonnes. Le matériel roulant sera composé de rames automotrices électriques de grandes capacités (de 8 à 16 voitures) fournies par la Chine.
Parallèlement, plusieurs ouvrages de génie civil sont prévus dont des ponts sur le fleuve Niger et ses affluents, des viaducs dans les zones côtières inondables, des réseaux électriques alimentés par des centrales électriques fonctionnant au gaz,…
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Plusieurs sources vont contribuer au financement de ce TGV. D’abord, il y a les prêts concessionnels d’institutions financières chinoises, adossés à des garanties souveraines nigérianes. Ensuite, il y aura un crédit fournisseur couvrant la fourniture du matériel roulant, d’équipements de signalisation et d’expertise technique.
Il est aussi prévu un financement structuré soutenu par China Liancai Petroleum Investment Holdings avec l’appui de la Banque asiatique de développement et d’investissement (BAII) et un apport limité en fonds propres de De-Sadel Nigeria (maitre d’ouvrage local). «Nous travaillons sur ce projet depuis plus de dix ans. Avec 90 % des autorisations déjà obtenues et la preuve de financement validée par le gouvernement, le Nigéria est prêt à entrer dans l’ère du transport ferroviaire à grande vitesse», a souligné Samuel Uko, PDG du consortium De-Sadel, lors de l’annonce du projet dont le lancement serait «imminent”, selon les autorités du pays.
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Ce projet va avoir des impacts positifs très importants pour l’économie nigériane. La réalisation de ce TGV permettra de réduire considérablement la durée des trajets entre les différentes villes grâce à des trains qui pourront atteindre 300 km/h. Il permettra également la création de milliers d’emplois, stimuler les échanges entre les différents Etats de la confédération du Nigeria, renforcer l’intégration régionale et améliorer l’attractivité du pays.
Rappelons qu’à l’heure actuelle, le continent africain ne compte qu’une seule ligne de Train à Grande Vitesse (TGV). En effet, pour être qualifié de TGV, le train doit dépasser la vitesse de 250 km/h, selon la norme définie par l’Union internationale des chemins de fer (UIC). D’après ce critère, le seul TGV du continent est celui du Maroc qui relie actuellement Casablanca à Tanger, en passant par Rabat et Kenitra. L’Afrique du Sud dispose d’un «train rapide» dont la vitesse peut atteindre les 160 km/h mais pas d’un TGV.