Patrimoine mondial de l’UNESCO: les 9 pays africains leaders en nombre de sites classés

Le 26/07/2024 à 09h49

L’Éthiopie détrône l’Afrique du Sud en devenant le pays africain avec le plus de sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Découvrez les autres destinations phares du continent.

L’Afrique abrite une richesse patrimoniale inestimable, témoignage de civilisations anciennes et de merveilles naturelles préservées. Selon la récente mise à jour de la carte du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), plusieurs pays africains se démarquent. Dans le cadre de cet article, nous braquons les projecteurs sur les 9 pays africains ayant au moins 7 sites classés au patrimoine mondial.

Ces 9 pays aux trésors patrimoniaux sont l’Éthiopie, l’Afrique du Sud, le Maroc, la Tunisie, le Kenya, la Tanzanie, le Sénégal, l’Égypte et l’Algérie.

Éthiopie: pratiques agricoles traditionnelles, églises monolithiques

Avec 11 sites inscrits au patrimoine mondial, l’Éthiopie devient le pays africain détenant le plus grand nombre de biens classés par l’UNESCO. Cette avancée est principalement due aux deux nouvelles inscriptions de 2023 : le paysage culturel du pays gedeo et le Parc national des monts Bale.

Le paysage culturel du pays gedeo, situé dans la région des Hauts-Plateaux du sud de l’Éthiopie, est un témoignage vivant des pratiques agricoles traditionnelles durables des populations gedeo. Cet ensemble de 11 zones distinctes illustre un système ingénieux d’utilisation des terres, alliant cultures en terrasses, forêts sacrées et établissements humains. Ce paysage culturel unique reflète une relation harmonieuse entre l’Homme et la Nature, préservée depuis des siècles.

Le Parc national des monts Bale, quant à lui, est un joyau naturel abritant une biodiversité riche. Situé dans les hautes terres du sud-est éthiopien, ce vaste parc abrite des écosystèmes variés allant des forêts de bambous aux prairies alpines en passant par des zones humides. On y trouve notamment le nyala de montagne, une antilope endémique menacée, ainsi qu’une riche avifaune comprenant l’emblématique oiseau-sentinelle d’Abyssinie.

Aux côtés de ces nouvelles inscriptions, l’Éthiopie possède déjà un riche patrimoine culturel et naturel classé par l’UNESCO. Parmi les sites les plus remarquables, citons les églises monolithiques creusées dans le roc à Lalibela, véritable prouesse architecturale du 12e siècle. Le Parc national du Simien, avec ses majestueuses falaises et ses paysages de haute montagne, abrite également une faune endémique unique.

D’autres trésors culturels éthiopiens classés sont la ville historique fortifiée de Harar Jugol, mélange d’influences africaines, arabes et indiques, ou encore le site archéologique d’Aksum, ancienne capitale du royaume d’Aksum et haut lieu du christianisme antique.

Cependant, préserver durablement ce riche patrimoine reste un défi de taille pour l’Éthiopie. Le développement urbain non maîtrisé, le braconnage, l’exploitation des ressources naturelles et le manque de financements sont autant de menaces pesant sur ces joyaux.

L’Afrique du Sud: sites d’hominidés, gravures rupestres, ville fantôme...

Ancienne détentrice du record africain avec 10 sites inscrits, l’Afrique du Sud reste une destination incontournable pour les amoureux du patrimoine mondial. Sur son territoire se côtoient des joyaux culturels, naturels et même mixtes, témoignant de la riche diversité de ce pays.

Parmi les fleurons naturels sud-africains, citons le parc d’iSimangaliso. Cette vaste zone humide côtière abrite une biodiversité terrestre et marine exceptionnelle, avec ses récifs coralliens, ses forêts de palétuviers, ses étendues de prairies et ses grands troupeaux de hippopotames, de buffles et d’antilopes. Un sanctuaire naturel préservé inscrit depuis 1999.

Le parc du Maloti-Drakensberg, bien mixte transnational avec le Lesotho voisin, impressionne par ses majestueuses falaises de grès et ses paysages montagneux escarpés. Outre sa beauté naturelle, ce site recèle un patrimoine archéologique et rupestre unique, avec plus de 600 shelters (abris) ornés de peintures rupestres vieilles de 4000 ans.

Sur le plan culturel, le paysage d’anciens établissements humains de Mapungubwe témoigne de l’émergence d’un royaume commercial prospère entre le 11e et 13e siècle dans cette région. Ses imposantes collines artificielles, ses vestiges archéologiques et son importance historique en font un site exceptionnel.

La ville du Cap, fondée au 17e siècle par les colons hollandais, dévoile ses quartiers historiques comme le Bo-Kaap aux maisons colorées, ou la grande rue Dorp. Sans oublier Robben Island, l’île-prison où fut incarcéré Nelson Mandela, devenue un lieu de mémoire universel.

D’autres sites culturels sud-africains remarquables existent, comme les sites fossilifères d’hominidés du Cradle of Humankind, vieux de plusieurs millions d’années. Ou encore la ville minière de Kimberley et ses vestiges liés à l’exploitation des diamants.

Cependant, pour transmettre ce précieux patrimoine aux générations futures, certains défis persistent, comme la gestion de l’urbanisation galopante dans certaines zones, les pressions environnementales ou le manque de financements pour entretenir certains sites.

Le Maroc, l’authenticité préservée d’un pays

Avec 9 sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Maroc figure parmi les destinations incontournables pour les amateurs d’architecture et d’histoire. Le Royaume au riche passé abrite en effet de remarquables témoignages de la civilisation arabo-musulmane et de son rayonnement.

Joyaux d’urbanisme traditionnel, les médinas de Fès, Marrakech, de Tétouan (ancienne Titawin) et Essaouira (ancienne Mogador) sont de véritables musées à ciel ouvert. Dédalles de ruelles tortueuses bordées de maisons aux splendides moucharabiehs, immenses portes fortifiées, souks animés, mosquées et medersa décorées avec finesse : ces cités séculaires fascinent par leur authenticité préservée.

Au-delà des villes impériales, d’autres trésors architecturaux émaillent le Maroc. Citons le ksar (grenier fortifié) d’Aït Ben Haddou près de Ouarzazate, véritable décor de cinéma avec ses imposantes constructions en terre. Ou encore la ville romaine de Volubilis et ses vestiges archéologiques témoignant de l’influence antique; la ville historique de Meknès; la ville portugaise de Mazagan (El-Jadida); et Rabat, capitale moderne et ville historique.

Conscient des enjeux de conservation, le Maroc s’emploie à préserver ce riche legs, mais de nombreux défis subsistent. L’afflux touristique mal maîtrisé, l’urbanisation galopante dans certaines médinas, les pressions environnementales ou encore le pillage archéologique sont autant de menaces pesant sur ce patrimoine. Un défi de taille pour transmettre ces trésors aux générations futures.

Tunisie, Kenya, Algérie, Égypte: les autres trésors de l’Afrique

Tunisie (9 sites) : Ex-aequo avec le Maroc, la Tunisie abrite 8 biens culturels, comme les sites archéologiques de Carthage et Dougga, ainsi que le Parc national de l’Ichkeul, bien naturel.

Le Kenya, la Tanzanie, le Sénégal, l’Égypte et l’Algérie: avec 7 sites chacun, ces pays offrent une palette diversifiée de biens culturels, naturels et mixtes, reflétant leur patrimoine unique.

Parmi eux, le Kenya possède le plus de biens naturels avec 4 sites, dont le Parc national du Mont Kenya et le Réseau des lacs du Grand Rift. La Tanzanie abrite quant à elle le bien mixte de la Zone de conservation de Ngorongoro.

Les biens transnationaux, témoins d’un héritage commun

Deux sites transnationaux figurent dans cette liste: le Parc Maloti-Drakensberg (Afrique du Sud/Lesotho) et les Cercles mégalithiques de Sénégambie (Sénégal/Gambie). Ces biens, partagés entre plusieurs pays, soulignent l’importance de préserver un patrimoine qui transcende les frontières.

Malheureusement, certains sites font face à des dangers, comme les Parcs nationaux du lac Turkana au Kenya et la Réserve de gibier de Selous en Tanzanie, inscrits sur la liste du patrimoine en péril en raison de menaces telles que le braconnage et les activités humaines non durables.

Le Sénégal sauve le Parc du Niokolo-Koba

Le Sénégal a réussi à retirer le Parc national du Niokolo-Koba de la liste du patrimoine en péril, grâce à des efforts concertés. Menacé par le braconnage, l’exploitation minière et d’autres activités humaines, ce site naturel unique a bénéficié d’un plan d’action ambitieux, impliquant un renforcement de la surveillance, de la lutte contre la pollution et de la gestion des espèces invasives. Cette réussite démontre l’importance d’une action coordonnée pour préserver le patrimoine naturel.

Avec en tout 74 sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, ces 9 pays africains représentent une concentration de trésors patrimoniaux, à la fois culturels et naturels, offrant un aperçu de l’histoire humaine et de la biodiversité du continent. Leur préservation est un devoir collectif, car ces sites sont les gardiens d’un patrimoine universel appartenant à l’humanité tout entière.

Les 9 pays africains ayant au moins 7 sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO

PaysNombre de sitesRang
Éthiopie111er
Afrique du Sud102ème
Maroc93ème
Tunisie93ème ex
Kenya74ème
Tanzanie74ème ex
Sénégal74ème ex
Égypte74ème ex
Algérie74ème ex
Par Modeste Kouamé
Le 26/07/2024 à 09h49