Inaugurée en grande pompe le 22 mai 2023 en présence de l’ancien président nigérian Muhammadu Buhari et une brochette de chef d’Etat d’Afrique de l’Ouest -Macky Sall (Sénégal), Nana Akufo-Addo (Ghana), Mohamed Bazoum (Niger) et Faure Gnassingbé (Togo)-, la grande raffinerie de l’homme le plus riche d’Afrique, Aliko Dangote, n’est toujours pas opérationnelle et les Nigérians dépendent toujours des importations de carburants (essence, gasoil…) importés.
Une situation qui commence à faire jaser et ce d’autant plus que certains observateurs avaient clairement fait remarquer que l’outil n’était pas opérationnel pour un démarrage effectif. Certains y avaient vu la volonté de l’ancien président Buhari de procéder à l’inauguration de cette raffinerie quelques jours avant de céder à son successeur Bola Ahmed Tinubu les rênes du pays et s’arroger ainsi l’inauguration de cette raffinerie stratégique dans son bilan. En clair, l’inauguration a été, en quelque sorte, précipitée pour des raisons de calcul politique, selon certains analystes.
Quoi qu’il en soit, six mois après son inauguration, les Nigérians attendent toujours les premiers produits raffinés d’Aliko Dangote qui tente de rassurer ses concitoyens. Il a souligné que la raffinerie va très bientôt démarrer sa production, sans avancer une date fixe.
Il a tout de même avancé que la raffinerie a obtenu une licence pour traiter plus de 300.000 barils de brut nigérian, expliquant que l’objectif était de démarrer la production avec du brut nigérian et non du pétrole importé.
En tout cas, depuis le début du mois de novembre, la raffinerie reçoit des cargaisons de brut livrées par la société publique Nigerian National Petroleum Compagny (NNPC). Ces livraisons visent à entamer les essais de production de produits raffinés.
Sur ce point, Dangote a été un peu plus explicite sur la nature des carburants qui seront produits au sein de la raffinerie lors de son démarrage. En effet, selon l’homme d’affaires, la plus grande raffinerie de pétrole du continent devrait produire 27 millions de litres de diesel, 11 millions de litres de kérosène et 9 millions de litres de carburéacteur.
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Avec la licence obtenue, on note que la raffinerie dotée d’une capacité de traitement de 650.000 barils par jour, devrait démarrer avec taux d’utilisation d’un peu plus de 46%. La raffinerie devrait par la suite monter en régime pour s’approcher de sa capacité de traitement optimale. Et il est prévu d’augmenter l’approvisionnement auprès des autres producteurs de brut nigérian.
En tout état de cause, le démarrage de la production des produits pétroliers raffinés devrait permettre au Nigeria de mettre fin à un paradoxe qui contribue à plomber son économie. En effet, malgré le fait que le Nigeria soit le premier producteur de pétrole du continent, le pays importe la totalité de ses besoins en carburant (essence, diesel, fuel…). Ce qui se traduit par une hémorragie de devises estimée à plus de 10 milliards de dollars par an.
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In fine, outre la sécurisation de l’approvisionnement en carburants, la raffinerie de Dangote devrait permettre à l’Etat nigérian d’éviter des sorties de devises et même d’en engranger grâce aux exportations de produits raffinés vers les pays de la sous-région.
C’est dire que le démarrage effectif de la production est très attendu et ce d’autant plus que l’Etat a abandonné sa politique de subvention des carburants entrainant une envolée de ceux-ci. Et l’espoir que les prix de ces produits baissent avec le démarrage de la raffinerie est grand.