Pétrole: le Nigeria maintient son rang de premier producteur de brut grâce à la lutte contre le siphonnage

Plate-forme pétrolière

Le 16/11/2023 à 16h09

Le Nigeria consolide sa position de premier producteur de pétrole africain grâce à une lutte sans merci contre le vol. D’autres facteurs devraient permettre au pays le plus peuplé d’Afrique de se rapprocher du quota qui lui est fixé par l’OPEP+, c’est-à-dire 1,8 million de barils par jour, d’ici fin décembre 2023.

Après une année 2022 catastrophique durant laquelle la production de l’or noir est même tombée sous le seuil du million de baril/jour durant certains mois, la production nigériane s’est beaucoup améliorée au cours de l’année 2023.

Après une production journalière moyenne de 1,203 million de barils par jour (mb/J) en 2022, contre 1,323 en 2021, le Nigeria a vu sa production évoluer progressivement au cours de cette année. Même si la production n’a pas été uniforme durant l’année, celle-ci a s’est fortement rétablie avec des productions mensuelles oscillant entre 1,252 mb/j en avril et 1,572 mb/j en septembre 2023, selon les données de Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC).

Evolution de la production de pétrole du Nigeria en million de barils par jour (mb/j) en 2023

MoisJanFevMarAvrMaiJuinJuilAoûtSeptOct
Production1,5121,5521,5351,2521,4301,4991,3031,4151,5721,562

Source: NUPRC

Et si l’évolution de la production n’est pas linéaire, on note que celle-ci dépasse les moyennes de ces dernières années. Et les autorités nigérianes sont optimistes pour le reste de l’année et espèrent même atteindre la barre des 1,9 million de barils/jour, ou du moins atteindre le quota de 1,8 million de barils de pétrole/jour qui lui a été fixé dans le cadre des accords OPEP+.

A noter que les données de l’OPEP -Organisation des pays exportateurs de pétrole-, un peu différentes de celles du NUPRC montre aussi une évolution positive de la production nigériane.

Ainsi, pour les mois d’août, septembre et octobre derniers, les productions de brut du pays se sont établies à respectivement 1,249 mb/j, 1,399 mb/j et 1,416 mb/j, contre une production moyenne de 1,205 mb/j en 2022, classant le pays au premier rang des producteurs de l’or noir du continent devant la Libye et l’Angola. En plus d’avoir augmenté sa production par rapport à celle de l’année dernière, le pays consolide son rang du fait que les autres ont du mal à améliorer leur production du brut.

En tout cas, le Nigeria semble avoir retrouvé une certaine dynamique de production d’or noir. Cette hausse de la production s’explique essentiellement par la lutte sans merci contre ceux qui siphonnent le pétrole à partir des nombreux pipelines reliant les plateformes en mer aux unités de stockage du brut sur terre. Ce siphonnage a permis l’apparition de raffineries clandestines dont le développement est encouragé par l’absence de produits raffinés localement et la qualité du pétrole nigérian qui facilite le raffinage sans grands moyens.

Ainsi, selon les données officielles, ce vol de pétrole faisait perdre jusqu’à 700.000 barils de brut par jour aux producteurs dont les majors pétroliers et à l’Etat. Une situation qui a fait perdre au Nigeria son rang de premier producteur de pétrole durant le 3e trimestre 2022, avec une production de 1,067 mb/j qui l’a fait dégringoler au 3e rang des producteurs africains, derrière la Libye et l’Angola. Une chute qui a servi de signal d’alarme aux autorités qui ont décidé de lutter plus vigoureusement contre le vol de pétrole.

Et cette lutte n’a pas tardé à produire ses effets avec une remontée de la production à 1,60 mb/j durant le mois de janvier 2023. Un succès qui a encouragé les autorités à intensifier davantage la lutte contre le vol du brut qui a poussé certains majors du secteur a quitté le pays et à décourager d’autres à y investir.

Désormais, les autorités, encouragés par la mise en place de la raffinerie de Dangote qui est à même de satisfaire la demande locale en produits raffinés, souhaitent éliminer toute concurrence déloyale des raffineurs clandestins et accroître la production du brut du pays afin de retrouver ses niveaux d’antan.

Outre l’impact de la lutte contre le siphonnage du brut, cette hausse de la production est aussi le résultat de nouveaux investissements dans le secteur pétrolier nigérian, notamment en onshore pour faire face au déclin des gisements offshore du Delta du Niger qui assurent actuellement la quasi-totalité de la production d’hydrocarbure du pays. Dans ce cadre, plusieurs investissements pétroliers sont initiés dans différents Etats de la fédération. En fin 2022, l’ancien président Muhammadu Buhari avait inauguré une unité de production de brut à Kolmani, dans l’Etat de Bauchi, dans le nord-est du pays, et dont les réserves sont estimées à 1 milliard de barils de pétrole.

De même, la lutte contre le siphonnage devrait aussi encourager les multinationales présentes dans le offshore nigérian a réinvestir pour explorer et exploiter des gisements encore non exploités.

La combinaison de la lutte contre le siphonnage et les impacts des investissements pétroliers onshore devraient permettre au Nigeria de consolider sa place de premier producteur de pétrole du continent. Une manne qui devrait faciliter l’approvisionnement de la raffinerie géante de Dangote de 650;000 litres par jour et exporter aussi davantage de brut et de produits raffinés et améliorer les recettes du pays.

Par Kofi Gabriel
Le 16/11/2023 à 16h09