Pression fiscale, suspensions de vols…Qui en veut à Air France dans le ciel africain?

Avion d'Air France

Le 13/11/2023 à 19h56

Fini l’époque où Air France pouvait se permettre de déployer ses ailes partout en Afrique. Le transporteur français, qui régnait jusqu’ici en maître sur plusieurs destinations africaines, doit faire face désormais à des orages et vents forts dans le ciel du continent africain, sur fond de rejet de plus en plus fort de la France et de tout ce qui est lié à cette dernière. De près ou de loin.

Air France n’est plus la bienvenue sur plusieurs destinations en Afrique. Les plaintes se multiplient à l’encontre de la compagnie française au moment où, de plus en plus, le sentiment antifrançais se développe presque partout sur le continent. Pour le transporteur tricolore, cette hostilité est pire qu’un dommage collatéral. C’est un véritable cauchemar en haute altitude.

Les dernières turbulences que la compagnie tricolore a dû affronter ont eu lieu dans l’espace aérien du pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigeria, qui exige de la compagnie française le paiement d’un impôt que la France va devoir honorer. Il s’agit en réalité d’une obligation fiscale d’un montant de 1,6 million de dollars, sur la période entre 2015 et 2020, rapporte la presse nigériane.

Un dû selon le Federal Inland Revenue Service (FIRS) du Nigéria que la France conteste, évoquant une vieille convention de 30 ans de non-double imposition signée entre les deux pays et en vertu de laquelle, en tant que résidente fiscale en France, Air France a le droit, «sur une base réciproque», d’être exemptée de l’impôt sur le revenu des sociétés dans la première puissance africaine pour les bénéfices tirés des opérations de trafic international.

Cette affaire pendante n’est que le plus petit bâton dans les roues des avions d’Air France. Alors que le Nigéria met la pression sur cette dernière, d’autres pays, en l’occurrence le Niger, sont allés plus loin en fermant leur espace aérien au transporteur.

En septembre dernier, la junte au pouvoir dans ce pays avait fait savoir à la France que ses avions n’étaient plus les bienvenus au Niger. Une décision brutale maintenue jusqu’ici et que les militaires expliquaient par une menace d’une intervention militaire qui se précisait depuis les pays voisins et amis de Paris.

Dans la foulée, les vols de et vers Bamako et de et vers Ouagadougou ont été suspendus, cette fois-ci par la compagnie française elle-même. Elle a finalement tenté de revenir à Bamako par la petite porte, en vain. Au Burkina Faso, pays des Hommes intègres, Air France est également considérée persona non grata, jusqu’à nouvel ordre.

Une perte sans doute immense pour l’un des principaux transporteurs entre l’Europe et le continent africain. Si l’entreprise a généré un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros sur les neuf premiers mois de 2023 pour ses vols à destination d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, grâce notamment à ses tarifs élevés et avions bien remplis, elle ne devrait pas garder le même sourire devant son tableau de bord au prochain décompte. Le Sahel étant un grand contributeur aux performances du transporteur français.

Par Khadim Mbaye
Le 13/11/2023 à 19h56