Abdou Ouédraogo est transporteur. Cela fait quelques années qu’il importe et vend des produits vivriers provenant de Côte d’Ivoire, pays membre de la Cedeao. Si pour beaucoup d’observateurs, le retrait de la Cedeao offre aux pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) la possibilité d’aller vers un réel développement, Ouédraogo est plutôt préoccupé par la rupture des approvisionnements, indispensables pour son commerce.
«Depuis un bon moment, nous importons du Ghana. C’est rentable, mais nous préférons la Côte d’Ivoire parce que ce n’est pas loin de chez nous, en plus c’est un pays francophone. On s’en sort mieux en Côte d’Ivoire qu’au Ghana. Si ce pays ferme ses frontières, nous serons obligés d’importer du Ghana», explique-il.
Depuis l’annonce du retrait de l’organisation régionale, les femmes de la gare, ces vendeuses installées à la gare ferroviaire, sont inquiètes. Elles appellent à l’entente entre les peuples.
«Depuis la nouvelle du retrait de la Cedeao, tout est bloqué à la frontière. A partir de Bouaké, rien ne passe. Nous avons beaucoup de difficultés actuellement», font-elles remarquer.
Pour le milieu des affaires, cette décision du retrait des pays de l’AES de cette organisation régionale est légitime et souveraine. Mahamadi Koussoubé, directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso, espère que des opportunités soient créées par cette nouvelle situation. «Certes, il y aura des contraintes majeures pour bon nombre d’économies, mais c’est aussi une opportunité de faire autrement…C’est l’occasion, pour nous, de regarder plus large, de voir plus loin et de penser continent», dit-il.
Les autorités des pays de l’AES ont affirmé avoir quitté la Cedeao pour répondre «aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations», dit la déclaration officielle actant le divorce d’avec la Cedeao. Face à cette situation délicate, le Burkina Faso et les autres pays de l’AES attendent le soutien de leurs populations.