Rwanda. «Je peux espérer un futur plus stable»: comment le programme Vision Umurenge réduit la pauvreté et redonne espoir

Des bénéficiaires du programme Vision Umurenge de lutte contre la pauvreté au Rwanda.

Le 26/05/2025 à 11h31

VidéoAu Rwanda, la pauvreté est en baisse depuis quelques années comme en témoignent les bénéficiaires du programme Vision Umurenge (VUP). À travers des travaux publics, des transferts monétaires et des formations ciblées, le VUP redonne espoir, dignité et moyens de subsistance à des milliers de Rwandais vulnérables.

Voilà cinq années que Sophie Uwingeneye, 25 ans, a intégré le programme VUP. Grâce à l’argent gagné dans les travaux publics et à une formation en menuiserie, elle a bâti progressivement une activité génératrice de revenus.

«Aujourd’hui, je cultive des pommes de terre en toute saison et j’en ai toujours 300 kilos à vendre. Je fais également de l’élevage. J’ai pu ouvrir un compte d’épargne et rêve maintenant de monter mon propre atelier de menuiserie. Avant, je ne pouvais même pas m’acheter des serviettes hygiéniques. Actuellement, je peux espérer un futur plus stable».

Même son de cloche chez Séraphine Nyirabavakure, mère de sept enfants, bénéficiaire du VUP depuis sept ans. «Avant, je n’avais qu’une seule tenue que je lavais la nuit pour la remettre mouillée le lendemain matin. Mes enfants ne mangeaient pas à leur faim et n’allaient pas à l’école. Aujourd’hui, deux de mes enfants sont scolarisés grâce à mon salaire du VUP et à mes petits investissements. De plus, ce programme m’a rendue plus entreprenante.»

Au-delà de l’aide directe, le programme s’inscrit dans une logique d’autonomisation durable. «Il ne s’agit pas seulement de donner», insiste Claudine Nyinawagaga, Directrice générale de LODA (Agence de développement des entités administratives locales), «c’est aussi écouter les besoins, accompagner, conseiller et permettre aux bénéficiaires de faire des choix éclairés.»

Les travailleurs sociaux, pilier silencieux du dispositif, accompagnent les ménages dans l’identification et le suivi de leurs projets. Le programme met également un accent sur l’inclusion sociale des personnes vulnérables comme les personnes âgées, les handicapés ou encore les jeunes en situation précaire.

Le programme Vision Umurenge (VUP), lancé en 2008, joue un rôle crucial dans la lutte contre la vulnérabilité selon les autorités rwandaises. «Nous avons plusieurs composantes au sein du programme VUP», poursuit Claudine Nyinawagaga. «La plus connue, ce sont les travaux publics qui nécessite beaucoup de main-d’œuvre. Nous avons aussi des transferts monétaires directs pour les personnes dans l’incapacité de travailler. Nous proposons également des crédits à faible taux d’intérêt, et des formations professionnelles appuyées par un accompagnement personnalisé.»

Avec le VUP, le gouvernement identifie les personnes nécessiteuses dans tout le pays, les classe par catégories et s’emploie à leur fournir du travail ou d’autres services. Ces emplois comprennent des travaux communautaires comme le traçage de terrasses radicales, le nettoyage et la construction des routes ou la plantation d’arbres.

Selon les analystes, le VUP est un modèle encore perfectible. Malgré son succès, le programme Vision Umurenge reste confronté à des défis: budget limité face à la demande croissante, disparités dans la mise en œuvre locale, besoin d’élargir l’accès aux formations et aux marchés.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: au Rwanda, entre 2017 et 2024, le taux de pauvreté est passé de 39,8% à 27,4%, permettant à environ 1,5 million de Rwandais de sortir de la pauvreté. Le taux d’extrême pauvreté a également chuté, passant de 11,3% à 5,4%.

Si cette dynamique se poursuit, le Rwanda pourrait atteindre plus rapidement qu’initialement prévu ses objectifs de développement humain. Pour les bénéficiaires de VUP comme Sophie ou Séraphine, le changement est déjà là, palpable au quotidien, dans les champs, les écoles, et dans la dignité retrouvée.

Par Fraterne Ndacyayisenga
Le 26/05/2025 à 11h31