Rwanda. «Le monde a besoin d’étudiants qui changent le marché du travail»: l’Afrique en quête de mutation de ses forces productives

Les dirigeants de ThinkGreen Africa expliquant leur concept aux étudiants.

Le 24/03/2025 à 13h22

VidéoÀ Kigali, un groupe de jeunes Africains a décidé de s’attaquer à l’un des plus grands défis du continent: le chômage des jeunes diplômés. Ils ont fondé ThinkGreen Africa, une entreprise qui ambitionne de combler le fossé entre la formation professionnelle et les réalités du marché de l’emploi en Afrique.

Selon la Banque africaine de développement (BAD), environ 10 à 12 millions de jeunes Africains arrivent chaque année sur le marché du travail, mais seuls trois millions emplois sont créés. Résultat: plus d’un jeune sur trois (35%) reste sans emploi ou sous-employé. Cette situation fragilise le développement socio-économique d’un continent dont la population est majoritairement jeune, plus de 60% des Africains ont moins de 25 ans.

ThinkGreen Africa veut inverser cette tendance. Cette start-up fondée par d’anciens étudiants internationaux au Rwanda veut commencer par changer les mentalités des étudiants en ce qui concerne l’emploi. Pour ses fondateurs, le défi ne réside pas seulement dans le manque d’emplois, mais dans le décalage entre les compétences enseignées et les besoins du marché. «Beaucoup de jeunes terminent leurs études sans savoir ce que le marché attend d’eux. Nous voulons être un pont entre la théorie et la pratique, entre l’éducation et l’emploi», explique Alimamy Bangura, fondateur de la start-up ThinkGreen Africa.

L’initiative mise également sur les opportunités vertes. Avec la transition écologique, de nouveaux métiers liés à l’environnement émergent. Selon un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), la transition vers une économie verte pourrait générer 24 millions d’emplois dans le monde d’ici 2030, notamment dans les secteurs de l’énergie renouvelable, de la gestion des déchets et de l’agriculture durable.

C’est dans cette perspective que ThinkGreen Africa organise des ateliers, des formations pratiques et des sessions de mentorat pour préparer les jeunes à ces métiers d’avenir. Le groupe espère aussi mobiliser les entreprises pour offrir des stages et des premières expériences professionnelles aux jeunes. La start-up cible surtout des jeunes étudiants internationaux qui se multiplient dans la capitale rwandaise pour tester leurs solutions. Cette après-midi, nous les avons trouvés en pleines discussions et au sortir, le fondateur de la start-up nous fait le topo.

«Ici, nous sortons d’une session de discussion sur le développement des compétences des jeunes. Nous essayons de répondre aux questions de comment les jeunes peuvent-ils entrer sur le marché du travail ou encore comment peuvent-ils exceller dans les programmes scolaire et extra-scolaire

Pour Charline Prazen Chikomo, jeune leader, écrivain et professeur d’université originaire du Zimbabwe et contributeur au panel de discussion de cet après-midi, il faut d’abord changer la mentalité de ces jeunes. Le monde du travail connaît des bouleversements très importants et il faut s’adapter.

«Le monde n’a plus besoin d’étudiants qui se contentent de s’adapter au marché du travail, mais ceux qui vont le changer. Le problème, c’est la vision minimaliste de la transition que les étudiants peuvent avoir. Ils pensent simplement ‘je dois obtenir mon diplôme et trouver un emploi’. Ce que nous venons de faire ici, c’est d’élargir leur vision des choses

Charline Prazen Chikomo affirme que l’Afrique a besoin d’une jeunesse qui pose de nouvelles questions. Il trouve que face aux innombrables problèmes auxquels sont confrontés les pays africains, la nouvelle génération doit voir ces problèmes comme des opportunités, car l’esprit d’entreprise consiste à remarquer un problème et à y apporter une solution.

«Nous remarquons également qu’en termes d’emploi, les entreprises ne cherchent plus seulement des personnes à embaucher et à payer, mais aussi de nouvelles idées, de nouvelles façons de faire», poursuit-il.

ThinkGreen Africa a vu le jour au Rwanda avec une équipe de jeunes venant de différentes nationalités africaines. Sa mission est de devenir la plaque tournante mondiale de l’esprit d’entreprise, en favorisant une culture de collaboration, le mentorat et l’apprentissage tout au long de la vie.

Reste à savoir si l’initiative pourra s’imposer dans un environnement déjà saturé d’idées et de start-ups. Mais pour ces jeunes, l’important est de commencer et de montrer qu’une autre voie est possible.

Par Fraterne Ndacyayisenga
Le 24/03/2025 à 13h22