Des peaux sont étendues et empilées à même le sol. Des odeurs nauséabondes de chair en décomposition côtoient en bonne intelligence les relents des produits chimiques et emplissent l’atmosphère. Bienvenue à la tannerie de Guédiawaye .
Dans cet endroit où l’air est irrespirable s’activent des dizaines de femmes héritières d’un savoir-faire ancestral: le tannage des peaux de mouton, de chèvre et de bovins.
Le travail du cuir suit un processus bien rodé, mais rude. Les dures conditions du métier de tanneuse et les risques pour la santé en raison du contact fréquent avec les produits chimiques ne sont hélas pas les seules difficultés que rencontrent ces femmes.
L’acquisition de la matière première et les prix élevés des intrants dont le neb-neb ou acacia nilotica ne sont pas les seuls obstacles qui compliquent davantage leur travail. L’acacia nilotica est un arbre utilisé et cultivé traditionnellement en Afrique pour ses tanins et colorants, se raréfie de plus en plus à cause de la désertification.
Une fois les peaux tannées, reste leur écoulement auprès des professionnels du cuir. Et là non plus, ce n’est pas gagné. Les braves dames se démènent partout pour trouver des partenaires à qui vendre leurs produits.
Pour venir à bout de toutes ces difficultés, ces femmes qui souhaitent moderniser leurs activités s’en remettent aux autorités. Et depuis longtemps.