La Commission de l’Union africaine (CUA), en collaboration avec la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) et des partenaires clés, a lancé une initiative visant à renforcer les capacités de recherche des think tanks africains. L’«Appel à propositions» compétitif, dans le cadre de la Plateforme des think tanks africains (ATTP), invite des consortiums de trois à cinq think tanks africains à postuler pour obtenir des subventions d’environ 10 millions de dollars américains sur une période allant jusqu’à deux ans et demi.
Parmi ses objectifs, ce financement entend soutenir des programmes alignés sur les aspirations de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et les priorités d’intégration régionale. Les domaines thématiques incluent la transformation économique et la gouvernance, le changement climatique, le commerce régional, la sécurité alimentaire, le développement du capital humain et la numérisation. L’ATTP est une initiative quinquennale de 50 millions de dollars mise en œuvre par la CUA, avec le soutien de l’ACBF et de l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD), et financée par la Banque mondiale.
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Intervenant lors du lancement virtuel au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, Mme Selma Malika Haddadi, Vice-présidente de la Commission de l’Union africaine, a appelé à un soutien accru aux think tanks politiques du continent pour leur permettre de contribuer à façonner la gouvernance et l’agenda de développement.
«Pour faire avancer notre vision d’une Afrique intégrée, prospère et pacifique, nous devons reconnaître que les think tanks et instituts politiques ne sont pas des acteurs périphériques. Ce sont des institutions essentielles qui doivent être pleinement intégrées à notre architecture de gouvernance. Leur contribution est indispensable pour garantir que nos politiques soient fondées sur des preuves, adaptées au contexte et orientées vers l’impact. Il incombe donc à nos États membres de créer les environnements propices nécessaires pour soutenir de telles institutions.»
Mme Haddadi a décrit l’initiative comme «un investissement stratégique dans la capacité de l’Afrique à mener ses propres débats politiques avec rigueur, données et expertise locale».
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«L’ATTP cherche à renforcer l’interface entre la formulation des politiques et la recherche menée par les Africains. C’est une réponse à un impératif de longue date : ancrer les données et l’analyse à chaque étape de nos processus décisionnels, et garantir que les institutions et acteurs africains soient aux avant-postes pour façonner la trajectoire de développement du continent.»
Elle a exhorté les think tanks africains à postuler à cette initiative, qui vise également à établir «un réseau d’institutions crédibles produisant des connaissances fondées sur des preuves, engageant les décideurs et contribuant à des cadres politiques unifiés». Les think tanks intéressés doivent consulter le dossier de candidature complet et les directives de soumission sur africathinktankplatform.africa/callforproposal.
La date limite de soumission des propositions est fixée au 24 septembre 2025. L’évaluation et la sélection se poursuivront le 17 octobre 2025, tandis que la notification des subventions et leur décaissement interviendront respectivement les 14 novembre et 19 décembre 2025.
M. Samer Al-Samarrai, Économiste principal à la Banque mondiale, souligne que l’initiative s’inscrivait dans la stratégie de la Banque pour l’Afrique, axée sur «la promotion de l’intégration régionale, le développement du capital humain et le renforcement de la résilience aux chocs climatiques et économiques».
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«Les propositions et analyses générées dans le cadre de cette initiative pourront éclairer des politiques endogènes et fondées sur des preuves, améliorant les performances économiques, renforçant la coopération régionale et contribuant à des réductions durables de la pauvreté.»
M. Abdrahmane Dicko, Directeur du Département des programmes et de l’impact à l’ACBF, a encouragé les think tanks africains à soumettre «leurs idées les plus audacieuses pour un impact transfrontalier».
«Nous plantons les graines d’un héritage: une Afrique où les politiques sont guidées par les preuves, où les think tanks prospèrent comme moteurs de souveraineté, et où la collaboration devient notre superpuissance continentale.»
Mme Faten Aggad, Cheffe de cabinet adjointe de la Vice-présidente de la CUA, a précisé que le succès de l’initiative se mesurerait «à la confiance qu’elle génère et aux capacités qu’elle libère».