Confrontées à une crise économique aigüe, les autorités ghanéennes ont pris une décision exceptionnelle en annonçant qu’elles vont régler la facture d’une partie des approvisionnements du pays, notamment les carburants, en or, au lieu du dollar américain. Cette décision exceptionnelle entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2023, selon un message diffusé sur la page Facebook du vice-président ghanéen, Mahamudu Bawumia. D’après ce dernier, cette mesure va d’abord concerner les importations des produits pétroliers raffinés, jusqu’à présent réglés en dollar américain.
Pour disposer de l’or en quantité suffisante, les autorités ont annoncé que le pays, via la Banque du Ghana, la banque centrale du pays, va racheter 20% de la production aurifère locale (80 tonnes en 2021, en baisse de 30% par rapport à 2020). En clair, tous les producteurs d’or du pays doivent céder 20% de leur production à l’Etat ghanéen. Cela concerne aussi bien les productions des grandes compagnies aurifères, dont particulièrement les filiales de multinationales, que celles des petites compagnies locales, des exploitants d’or et des projets miniers communautaires.
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En plus, selon les autorités, toute délivrance d’une nouvelle licence d’exploitation d’or à petite échelle sera désormais soumise à l’obligation de vendre à la Banque centrale du Ghana 20% de la production d’or. L’Etat, via cette institution, va acheter cette production en monnaie locale (cedi) au cours du marché de l’or à l’international, au comptant. Lors de la séance du vendredi 25 novembre, l’once d’or s’échangeait au cours de 1.754,76 dollars.
Avec cette décision, les autorités ghanéennes visent plusieurs objectifs.
D’abord, en rachetant 20% de la production d’or et en réglant en lingots d’or certaines importations, l’Etat préserve une partie de ses réserves en devises qui ont fortement baissé depuis le début de l’année (les réserves internationales brutes sont tombées à 6,7 milliards de dollars fin octobre) sous l’effet de la hausse des cours des produits importés (carburant, denrées alimentaires…).
En plus de réduire la pression sur les avoirs en devises (dollar, euro…), l’or acheté contribue aussi à renforcer les avoirs extérieurs du pays composés de devises, de l’or et des DTS (Droits et tirages spéciaux) du FMI. Ainsi, avec cette mesure les autorités espèrent freiner la chute inexorable des réserves en devises du pays.
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Ensuite, grâce à la baisse des sorties de devises et à la reconstitution des avoirs extérieurs, les autorités ghanéennes espèrent freiner la dépréciation de la monnaie locale. Depuis le début de l’année, le cédi a perdu 135,80% de sa valeur vis-à-vis du dollar américain passant de 6,15 cedis pour 1 dollar à 14,50 cedis pour le même dollar. Une situation qui explique grandement la flambée des prix des produits importés, notamment les carburants et certains produits alimentaires importés.
En outre, en agissant sur les avoirs en devises et donc sur le cedi, l’objectif des autorités est de lutter contre l’inflation qui a érodé le pouvoir d’achat des Ghanéens. En effet, l’inflation a atteint les 40,4% à l’échelle nationale, avec un pic de près de 50% pour la capitale Accra et ses environs. Une situation qui contribue à l’appauvrissement de la population.
Enfin, avec cette initiative, le Ghana compte s’appuyer sur son potentiel aurifère pour juguler l’inflation et la chute de ses réserves en devises.
Pour rappel, le Ghana, jadis appelé la Côte de l’or, est le second producteur du métal jaune en Afrique, en 2021, avec une production de 80 tonnes, derrière l’Afrique du Sud (105 tonnes).