CEMAC-UE: des concertations pour relancer les négociations sur l’APE

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Le 14/03/2018 à 16h13, mis à jour le 14/03/2018 à 16h15

Les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) se concertent pour relancer les négociations avec l’Union européenne (UE) sur l’Accord de partenariat économique (APE). A la date d’aujourd’hui, seul le Cameroun a signé cet accord au niveau de la région.

L’Accord de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et les pays africains a du mal à se concrétiser, et ce malgré le forcing des Européens.

Et pour cause, les APE qui sont des accords commerciaux visant à développer le libre-échange entre l’UE et les pays dits ACP -Afrique, Caraïbes et Pacifique- et à rendre réciproques les avantages consentis aux produits africains sur le marché européen, où ils entrent librement, risque, selon les pays africains, de détruire tout processus d’industrialisation au niveau du continent africain.

Avec cet accord, les produits européens (lait, tomates, biens d’équipements, etc.) pourront accéder aux marchés sans droits de douane, sachant que les APE prévoient non seulement la suppression des droits de douane pour les trois quarts des produits européens, mais aussi l’impossibilité de les rétablir par la suite.

Aux vues des conséquences de ces accords sur les recettes douanières des pays africains et surtout de leurs impacts sur les industries locales non compétitives par rapport à celles des pays européens, qui pour certaines bénéficient de subventions indirectes (cas des produits agricoles notamment), beaucoup de nations africaines se sont montrées réticentes à ratifier les APE.

A ce titre, au niveau de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, regroupant 6 pays de la région -Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad-, seul le Cameroun a ratifié l’APE avec l’Union européenne.

Pire, en février 2017, la CEMAC avait mis un terme au processus régional des négociations en vue de la conclusion de l’accord.

Cette décision régionale avait poussé l’Union européenne à bloquer les négociations. L’UE avait annoncé que faute de ratifications, elle rétablirait des taxes de produits en provenance des pays à revenus intermédiaires africains.

Suite à la suspension des négociations entre les deux parties, et craignant des sanctions financières de l’UE, le président de la Commission de la CEMAC, Daniel Ona Ondo, s’est rendu à Bruxelles pour relancer le dialogue avec les dirigeants européens.

Acculés, les pays de la région n’ont d’autres choix que de suivre l’exemple camerounais. L’accord signé et ratifié par ce pays prévoit de libéraliser progressivement 80% des importations du pays en provenance de l’Union européenne sur une période de 15 ans. Avec cet accord ratifié en juillet 2014 et opérationnel depuis le 4 août 2016, 1.760 produits européens sont concernés, dans un premier temps, par la chute des barrières douanières pour leur accès au marché camerounais.

Et selon les termes de l’accord, l’entrée de ces produits bénéficie d’un abattement douanier annuel de 25%. Du coup, ces produits seront importés sans droits de douane par les opérateurs camerounais à partir de 2020. Une seconde liste de produits européens s’ajoutera à la première à partir de 2021.

Pour la première année de mise en œuvre de l’APE, le bilan a été jugé globalement positif par les autorités camerounaises. Les pertes en termes de recettes douanières n’ont pas été importantes et les entreprises camerounaises ont pu importer des produits rentrant dans leur process de production à moindre coût, améliorant leur compétitivité.

L’exemple camerounais servira de base aux autres pays de la région CEMAC. Toutefois, le Cameroun dispose d’une économie beaucoup plus diversifiée et moins dépendante de la rente pétrolière que le Gabon, le Congo, la Guinée équatoriale et le Tchad.

Par Kofi Gabriel
Le 14/03/2018 à 16h13, mis à jour le 14/03/2018 à 16h15