La session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) se tient à Yaoundé, la capitale camerounaise, à un moment où la conjoncture économique en quelque peu est en reprise dans la sous-région. Ces dernières années, les cours des matières premières, dont le pétrole, ont fortement chuté. Associée à d’autres chocs exogènes (persistance de la menace terroriste dans le bassin du Lac Tchad), cette situation a profondément contribué à fragiliser les économies de la zone CEMAC. Malgré toutes ces difficultés, la croissance semble désormais de retour, et les perspectives économiques pour les trois prochaines années sont favorables.
Le taux de croissance dans la sous-région devrait s’établir autour de 3,2 % en 2019 et 3,5 % en 2020 et 2021, contre 1,5 % en 2018, - 0,2% en 2017 et - 0,1% en 2016. Ce, notamment grâce aux réformes que les États membres de la CEMAC ont engagé avec l’appui de leurs partenaires techniques et financiers internationaux (notamment le FMI). En effet, le Gabon a conclu avec le FMI, le 19 juin 2017, un accord triennal élargi au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) pour un montant de 464,4 millions de DTS (soit environ 642 millions de dollars et 215 % de la quote-part du pays) à l’appui du programme de relance à moyen terme. Idem pour le Cameroun, le 26 juin 2017, lorsque le FMI a approuvé un accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en sa faveur, d’un montant de 483 millions de DTS (environ 666,2 millions de dollars et 175 % de la quote-part du Cameroun) pour accompagner le programme de réformes économiques et financières du pays.
Lire aussi : Franc CFA: le président du Bénin sonne le début de la fin de cette monnaie coloniale
Le Tchad a suivi le 30 juin 2017 avec un accord triennal au titre de la FEC d’un montant de 224,32 millions de DTS (environ 312,1 millions de dollars et 160 % de la quote-part du Tchad). Plus récemment, c'est avec le Congo que le FMI a approuvé, le 11 juillet 2019, un accord triennal pour un montant de 324 millions de DTS (environ 448,6 millions de dollars, ou 200 % de la quote-part du pays) à l’appui du programme de réformes économiques et financières du pays. Par ailleurs, autre dossier qui devrait être à l'ordre du jour, la mise en œuvre effective de la libre circulation dans l'espace CEMAC.
Suite à la feuille de route consensuelle relative à la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux adoptée à Djibloho, en Guinée Équatoriale, en février 2017, cette libre circulation est effective dans quatre États (Cameroun, Tchad, RCA et Congo). Deux États (Gabon et Guinée équatoriale) mettent en avant les problèmes d’insécurité pour maintenir un visa d’entrée aux ressortissants communautaires n’ayant pas un passeport de service ou un ordre de mission. Néanmoins, les équipements permettant de garantir le libre échange et la circulation des personnes en toute sécurité sont en cours d’installation, avec notamment l’appui technique d’Interpol. Une avancée a cependant été notée au sujet de l'intégration financière, avec le rapprochement des bourses de Douala (Cameroun) et de Libreville (Gabon).