Gabon. Corruption: quatre ex-ministres ayant occupé des postes stratégiques en prison

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Le 16/12/2019 à 13h52, mis à jour le 16/12/2019 à 14h00

Le président gabonais Ali Bongo fait le ménage. Quatre ex-ministres ayant occupé des postes très stratégiques et jugés proches du président sont en prison dans le cadre d'une opération anti-corruption d’une ampleur inédite au Gabon, baptisée «Scorpion». Les accusations portées sont très lourdes.

L’opération «Scorpion», initiée par le président gabonais Ali Bongo, continue de faire tomber des têtes au gouvernement et de hauts responsables de l’administration gabonaise.

Ainsi, quatre ministres ayant occupé des postes stratégiques ont été placés sous mandat de dépôt, et écroués à la Prison centrale de Libreville.

Il s’agit de ministres jugés très proches du président Bongo dont Brice Laccruche Alihanga, ex-directeur de cabinet du président et ex-ministre de la Stratégie des investissements humains, mais aussi de Tony Ondo Mba, l'ex-ministre de l'Energie et de l'eau, de Noël Mboumba, l'ex-puissant ministre du Pétrole et mines, et de Roger Owono Mba, l'ex-ministre de l’Economie et des finances.

Ces quatre pontes du régime Bongo ont été placés sous mandat de dépôt et séjournent actuellement à la Prison centrale de Libreville, la dite «Sans famille», après avoir été entendus par un magistrat instructeur de la Cour criminelle financière spéciale.

Ils y resteront avant leur comparution devant la Cour criminelle spéciale.

Dans la prison, ils ont retrouvé une quinzaine d’ex-hauts responsables publics dont des proches de l’ex-directeur de cabinet d’Ali Bongo parmi lesquels son frère, le maire d’Akanda, Grégory Laccruche Alihanga, Patrichi Christian Tanasa, ex-ADG de la Gabon oil company (GOC), Renaud Allogho Akoué, ex-patron de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), Ismaël Ondias Souna, ex-directeur général de la Société équatoriale des mines (SEM), etc.

Les quatre ministres et certains de leurs subordonnés, arrêtés dans le cadre de cette opération anti-corruption, risquent très gros.

En effet, les charges retenues à leur encontre sont particulièrement lourdes: malversations financières, blanchiment de capitaux en bande organisée, détournement de deniers publics, faux et usage de faux, etc.

Avec de telles accusations, les personnes arrêtées risquent de séjourner longtemps en prison.

En juin dernier, Ali Bongo avait annoncé la couleur, en reconnaissant que la «corruption» et la «mauvaise gouvernance» anéantissaient les efforts visant à développer le Gabon.

«Il est capital pour notre nation d’en finir avec la corruption qui gangrène nos institutions, la mauvaise gestion et la mauvaise gouvernance qui nous empêchent d’avancer et nous interdisent de récolter les fruits des efforts colossaux (…) fournis par l’Etat», avait déclaré le président, avant de lancer fin novembre la plus importante opération anti-corruption jamais lancée au Gabon, entre-temps baptisée «Scorpion». 

Pour nombre de gabonais qui saluent cette initiative, l’opération doit se poursuivre et s’étendre aux commanditaires et aux bénéficiaires des fonds détournés.

En plus, ils souhaitent aussi que toutes les personnes impliquées à cette mauvaise gestion au cours des 10 années de la présidence de Ali Bongo soient arrêtées.

D’autres Gabonais sont plutôt sceptiques, et parlent de règlements de compte au sommet de l’Etat, en mettant l’accent sur les personnes visées, l’implication de certains organismes comme la sécurité militaire (DGCISM) et la célérité avec laquelle les affaires sont expédiées.

Par Kofi Gabriel
Le 16/12/2019 à 13h52, mis à jour le 16/12/2019 à 14h00