Esclavage en Libye: pressé par Condé, Macron dénonce un "crime contre l'humanité"

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Le 23/11/2017 à 11h48, mis à jour le 23/11/2017 à 11h49

Emmanuel Macron a qualifié mercredi 22 novembre de "crime contre l'humanité" la vente de migrants africains comme esclaves en Libye. Juste avant, Alpha Condé avait pointé la responsabilité des Européens dans ce drame.

"La dénonciation par la France est sans appel", a affirmé Emmanuel Macron après une rencontre à l'Elysée avec le président de la Guinée et de l'Union africaine (UA), Alpha Condé. "Ce qui a été révélé" par CNN "relève bien de la traite des êtres humains. C'est un crime contre l'Humanité". Ce trafic "nourrit les délinquances les plus graves" et "les réseaux terroristes". Il "génère 30 milliards d'euros par an, touche malheureusement 2,5 millions de personnes - et 80% des victimes sont des femmes et des enfants", a-t-il dénoncé.

Ce faisant, il a confirmé l'annonce faite par le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian un peu plus tôt stipulant que la France prenait "l'initiative au Conseil de sécurité" de l'ONU en demandant une réunion sur ce sujet.

Poussé par le président de l'UA, le président français a donc fini par dénoncer les crimes commis en Lybie. Une bonne chose, sauf que nombreux sont ceux qui considèrent qu'Emmanuel Macron porte sa part de responsabilité dans le drame des migrants en Libye. En effet, personne n'a oublié que l'idée de créer des camps de rétention en Libye, au Niger ou au Tchad vient d'un certain Emmanuel Macron. Ces camps, qui avaient pour but de trier les migrants éligibles au statut de réfugiés et les autres, se sont transformés en réservoirs à esclaves pour des marchands sans foi ni loi. Une idée pas forcément judicieuse, qu'il condamne aujourd'hui sans mentionner vouloir y renoncer.

Conscient de la responsabilité des Européens dans le marasme libyen, et des Français en particulier, Alpha Condé n'est pas venu en France par hasard. Le président de l'Union africaine souhaite pointer leur responsabilité dans le drame qui se déroule en Libye. Car non seulement c'est la décision de Nicolas Sarkozy de faire tomber Mouammar Kadhafi qui est à l'origine de la dislocation de l'Etat libyen, mais la fermeture des frontières eurpéennes a bloqué les migrants africains sur le territoire, les livrant au bon vouloir des groupes armés.

Que va faire Macron de son idée saugrenue? Car de toute évidence, en l'absence d'une gouvernance maîtresse du territoire, de tels camps risquent d'être pour encore longtemps des lieux d'approvisionnement pour les esclavagistes. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 23/11/2017 à 11h48, mis à jour le 23/11/2017 à 11h49