La Guinée veut convaincre ses partenaires d’intervenir dans le secteur de l’eau potable

DR

Le 10/03/2016 à 19h02

La Guinée, qualifiée de «Château d’eau de l’Afrique de l’Ouest» pour ses nombreux cours d’eau et sa pluviométrie abondante, veut convaincre ses partenaires à investir dans le secteur urbain de l’eau potable. Une table ronde a été organisée ce jeudi 10 mars à Conakry.

Le gouvernement guinéen cherche une solution pérenne à la pénurie d’eau potable au niveau de Conakry et de certaines villes. C’est dans cette optique qu’il a lancé en 2013, l’étude «Diagnostic et plan de renforcement du secteur urbain de l’eau potable».Comme dans le domaine de l'énergie électrique, l'objectif était de faire un état des lieux et d’élaborer un plan d’investissement rapide dans le secteur urbain de l’eau. Les conclusions de cette étude ont été présentées ce 10 mars à l’ensemble des partenaires techniques et financiers du pays, notamment la Banque mondiale, la BAD, la Banque islamique de développement (BID), l’AFD et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA).Ainsi, dans son rapport, le cabinet français ICEA (Ingénieurs conseil & économistes associés), qui a mené l’étude, révèle que les installations de la Société des eaux de Guinée (SEG), l’entreprise nationale en charge de l’exploitation du secteur, sont obsolètes. Certaines sont en service depuis 1903.Il souligne en outre qu’avec une capacité de production de 167.000 m³ par jour à Conakry, la SEG est largement en dessous des attentes au regard de l’urbanisation trop poussée et de la croissance démographique galopante.Pour ICEA qui estime à 3,8 millions d’habitants la population de Conakry à l’horizon 2030, un investissement conséquent est indispensable afin d’atteindre un volume de production de 166 millions de m³ à cette même date.En s’appuyant sur la situation actuelle du service d’eau potable caractérisée par une dégradation des conduites de distribution, une gestion financière douteuse de la SEG nécessitant une réorganisation, le cabinet français estime à 509 millions USD l’investissement nécessaire sur les dix prochaines années.Ce fonds englobe quelques projets déjà en cours de réalisation dont les budgets sont bouclés par la BID, la BADEA et l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA).Le reliquat estimé à 489 millions USD et qui devrait aider à financer le renouvellement des installations, la réorganisation des réseaux de branchement et des compteurs, et à la remise à niveau de certains sites de forage, reste à trouver.En assistant à la présentation de ce rapport, Cheick Taliby Sylla, le ministre de l’Energie et de l’hydraulique, a appelé de tous ses vœux les partenaires à soutenir le gouvernement guinéen dans le redressement du secteur urbain de l’eau potable.«Le secteur souffre de beaucoup de problèmes qui doivent être corrigés. Partout, il y un besoin de renouvellement et d’extension», a-t-il affirmé, tout en espérant avoir été entendu. «Je pense que les bailleurs de fonds ont compris la situation difficile de la desserte en eau en Guinée et à l’intérieur».Très prudents en revanche, ces bailleurs ont dans un premier temps appelé à la fin du «service social» qui consiste à offrir l’électricité et l’eau gratuitement. Ils ont ensuite souhaité que le consultant français priorise les étapes d’investissement avant que les discussions sérieuses ne commencent.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 10/03/2016 à 19h02