La Guinée compte construire un pôle minier solide pour relancer sa croissance économique

Le premier ministre guinéen avant sa nomination sur le site de la compagnie minière Guinea Alumina Corporation dont il occupait le poste de Directeur général.

Le premier ministre guinéen avant sa nomination sur le site de la compagnie minière Guinea Alumina Corporation dont il occupait le poste de Directeur général. . DR

Le 05/05/2016 à 13h06

Le Premier ministre guinéen Mamady Youla compte sur les mines pour relancer la croissance économique et faire du pays un pôle minier incontournable. Il l’a fait savoir ce mercredi 4 mai dans son discours de politique générale présentée à l’Assemblée nationale.

Nommé le 26 décembre comme Premier ministre alors qu’il dirigeait la Compagnie minière Guinea Alumina Corporation, Mamady Youla a concocté sa recette censée faire de la Guinée un pays émergent.Dans sa politique générale divulguée hier mercredi, il accorde une place de choix à l’industrie minière. Domaine dans lequel la Guinée dispose d’un riche potentiel, mais toujours inexploité en dépit de nombreuses politiques initiées depuis un demi-siècle. Le Chef du gouvernement guinéen mise sur ce secteur stratégique qu’il connait pour bâtir une économie minière de classe mondiale.S’agissant de sa méthode, il entend s’appesantir sur la création d’un cadre propice à l’investissement à travers la modernisation du cadastre, la rationalisation de la gestion des titres miniers et du suivi des gigantesques projets miniers intégrés. «Le gouvernement s’attèlera à la mise en œuvre de plusieurs projets signés au cours du premier mandat, pour des montants de plusieurs dizaines de milliards de dollars d’investissement et qui pourront faire de notre pays un pôle minier majeur de l’Afrique de l’Ouest», a-t-il indiqué.Dans cette optique, il compte surveiller le projet de fer de Simandou appartenant au géant minier Rio Tinto, dont l’exploitation pourrait nécessiter 20 milliards de dollars d’investissement. «Le gouvernement mettra un accent particulier sur l’accélération des projets de la filière bauxite-alumine en vue d’accroitre la part de la Guinée dans la production mondiale. La part de la Guinée pourrait ainsi doubler voire tripler au cours des cinq prochaines années», a-t-il souligné.Diversifier l’économieOutre le renforcement de la gouvernance dans les secteurs de la justice, des finances et de l’administration, la poursuite de la réforme des forces de sécurité, le Premier ministre prévoit aussi de diversifier l’économie. Ce qui passera, selon lui, par l’exploitation du potentiel énergétique, agricole et les atouts diplomatiques.Selon lui, son équipe compte accompagner les paysans dans les campagnes agricoles. Cela pour favoriser l’accroissement des productions industrielles comme le coton, le café, le cacao et l’acajou. «Le gouvernement s’attèlera à promouvoir la transformation industrielle et artisanale sur des bases compétitives et créatrices d’emplois, et la mise en valeur accrue du secteur et des activités de services comme le commerce, le tourisme, la télécommunication et les services financiers», a soutenu le Premier ministre.De même, l’Etat compte encadrer le secteur de l’élevage et lutter efficacement contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN). Il promet aussi d’encadrer et d’accompagner les PME et PMI et apporter un appui au secteur privé pour booster l’employabilité des jeunes.Par ailleurs, dans un contexte marqué aussi par l’amoindrissement des recettes de l’Etat, il veut élargir l’assiette fiscale, identifier de nouveaux gisements de recettes fiscales et lutter contre la fraude et l’évasion fiscale.Développer les infrastructuresPour le Premier ministre Mamady Youla, l’amélioration des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires constitue un défi important pour le développement socio-économique de la Guinée.Il estime que la Guinée Emergente devra être dotée d’infrastructures modernes pour assurer efficacement le transport des personnes et des biens et soutenir le développement des activités économiques et la croissance.Dans cette logique, il promet des investissements tous azimuts destinés notamment à désenclaver les zones de production et de forte concentration humaine et à relier le pays à ses voisins.Ainsi, a t-il expliqué, «un accent particulier sera mis sur l’amélioration de la compétitivité du port de Conakry pour le rendre apte à répondre aux besoins des projets miniers. Dans le domaine du transport aérien, des efforts seront entrepris pour amener progressivement notre pays aux standards internationaux, à travers notamment la mise en conformité de notre aviation civile, la relance de la compagnie nationale Air Guinée et le développement d’une compagnie aérienne au sein des pays de la Mano River».Opposition sceptiqueL’opposition se montre sceptique. Pour ses députés, ce discours de politique générale du Premier ministre n’est qu’une succession de belles promesses comme les guinéens en ont l’habitude d’entendre.Les élus de l’UFDG l’exécution de ce programme sera quasi-impossible. Ils prédisent l'échec en estimant que le président Alpha Condé fera ombrage à son Premier ministre.Ils appellent le Chef du gouvernement à rendre effective la diversification de l’économie. «Ce qui est remarquable dans ce discours, c’est que tout est beau, tout est bien. Mais avec le secteur minier, nous ne pouvons aller de l’avant. Il faut miser sur l’agriculture et la gouvernance», préconise le député UFDG Alpha Ousmane Diallo.Dans le camp de la mouvance présidentielle, en revanche, on parle d’un discours cohérent, renfermant la collégialité des ministères et beaucoup d’efforts dans la conception.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 05/05/2016 à 13h06