Alpha Condé blanchit son fils, présumé impliqué dans un réseau de corruption

Le 16/05/2016 à 12h53

Le président Alpha Condé a balayé d’un revers de la main, ce dimanche, les accusations de corruption portées par Global Witness contre la compagnie Sable Mining Ltd et un réseau d’hommes influents en Guinée, y compris son fils Alpha Mohamed Condé.

Le chef de l’Etat guinéen a annoncé hier dimanche, au cours d’une conférence de presse, l’ouverture d’une procédure judiciaire contre Global Witness. La décision fait suite aux révélations de l’ONG britannique concernant l’implication de Condé fils dans un réseau de corruption et de versement de pots-de-vin en Guinée en 2010. Un réseau monté par Sable Mining Ltd, une société minière enregistrée dans les Iles Vierges britanniques, d’après l’ONG.«L’enquête est ouverte. Je n’ai aucun problème et je sais que mon fils n’a rien à y voir», a soutenu Condé. «Puisqu’ils ont fait des accusations, alors on va demander leur collaboration pour établir la vérité sur ce qui s’est passé pendant l’octroi de ces permis».Campagne présidentielle de 2010Sable Mining Ltd dispose de plusieurs permis de recherche et d’exploitation minière en Guinée. La plus importante de ces autorisations reste le gisement de fer des monts Nimba (sud de la Guinée). Présente sur ce site depuis 2010, à travers sa filiale West Africa Exploration, la compagnie avait obtenu l’aval des autorités guinéennes d’exporter son minerai via le port de Buchanan au Libéria voisin.Global Witness révèle dans son rapport, publié le 12 mai, que Sable Mining a utilisé d’étroites relations avec Alpha Condé en 2010, alors candidat à l’élection présidentielle qui l’a porté au pouvoir, pour obtenir une position favorable.Le document précise l’usage d’un hélicoptère comme soutien logistique pendant la campagne électorale et l’utilisation de millions de dollars à travers des réseaux bien établis comprenant, entre autres, Alpha Mohamed Condé et Bouba Sampil, un proche du pouvoir qui dirigeait, au moment des faits, West Africa Exploration (WAE), la filiale de Sable Mining.Global Witness souligne dans son rapport n’avoir pas pu établir l’évidence d’une implication effective de Condé père. L’organisation non gouvernementale cite cependant des e-mails de Bouba Sampil dans lesquels le compte bancaire de Condé fils est nommément cité comme adresse par laquelle certains fonds auraient transité.Examiner l’authenticité des accusationsLa publication de ce document a remué le landerneau politique et administratif guinéen. Le gouvernement a parlé d’accusations infondées puisque le titre minier de Nimba a été signé avant l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir en décembre 2010.Tout compte fait, le samedi 14 mai, le ministre des Mines et de la géologie, Abdoulaye Magassouba, a demandé à son homologue de la Justice d'examiner les circonstances qui ont prévalu lors de l’acquisition de tous les permis détenus par Sable Mining.

Une mesure qui vise, selon lui, à assurer l'intégrité et le maintien de la transparence dans le secteur minier guinéen. «Mon département apportera son plein appui à la Justice afin que toute la lumière soit faite sur les activités de Sable Mining en Guinée», a promis Magassouba.Le même jour, le ministre de la Justice, s’est saisi du dossier tout en faisant état d’«allégations graves» contre les dirigeants de Sable Mining Limited. Ces derniers auraient ainsi eu recours à la corruption pour sécuriser leurs permis miniers. «Sable Mining Ltd a des droits d’exploration et de développement sur des ressources naturelles remontant à 2010, et je veillerai à ce que l'émission de chacun de ces permis soit examinée», a dit le Garde des sceaux, Cheick Sacko. «Nous allons également demander l'aide de Global Witness afin de vérifier l'authenticité des accusations sérieuses formulées dans le rapport», a-t-il prévenu.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 16/05/2016 à 12h53