Guinée: la plus importante réserve de fer désormais entre les mains des seuls Chinois

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Le 29/10/2016 à 11h44, mis à jour le 29/10/2016 à 14h21

Rio Tinto qui a longtemps hésité a finalement jeté l’éponge. Désormais, le mont Simandou qui abrite l’une des plus grandes réserves mondiales de fer sera exploité par des investisseurs chinois. Une aubaine qui pourra aider à sortir la Guinée de son sous-développement.

Simandou sera certainement au cœur des discutions entre le président guinéen Alpha Condé en déplacement actuellement pour une dizaine de jours en Chine et les autorités chinoises. Il va tenter de trouver un accord pour un démarrage rapide du projet qui devrait donner à la Guinée un tout nouveau visage

Avec une capacité de production de 100 millions de tonnes de minerai de fer de haute qualité chaque année durant un demi-siècle, Simandou est de loin le plus grand gisement de fer du continent et l’une des plus importantes au monde. Pourtant, depuis des décennies, ce fer n’arrive pas à trouver un exploitant. Pratiques peu transparentes des autorités guinéennes et calculs des majors du secteur ont fait durer le suspens sans réllement aboutir à quelque chose. 

L’anglo-australien Rio Tinto avait fini, après plusieurs années de tergiversation, par annoncer la mise en veilleuse du projet en juillet dernier. Il assénait ainsi au coup de massue aux Guinéens qui espéraient tant sur ce projet pour sortir d’une situation économique difficile.

Une situation qui avait fini par désespérer la SFI, filiale du groupe Banque mondiale qui détenait 4,6% de Simfer et qui avait annoncé la revente de sa participation aux deux actionnaires de la société : Rio Tinto et Chinalco. 

Désormais, l’espoir d’une rapide exploitation de cette mine renaît suite à l’accord signé, hier en Chine, selon les autorités guinéennes, entre la Guinée, l’anglo-australien Rio Tinto et le chinois Chinalco Iron Ore Holdings Limitec (CIOH), appartenant au groupe Cinalco. Selon le ministre des Mines et de la géologie, Abdoulaye Magassouba, «cet accord résulte de la ferme volonté du Chef de l’Etat de faire avancer le projet Simandou Sud dont l’étude de faisabilité a récemment conclu à la profitabilité du projet».

Selon les termes de l’accord, Rio Tinto cède la totalité de sa participation dans Simfer, l’entreprise mise en place avec le Chinalco. Celle-ci détiendra ainsi 80,75% des actions de la société détentrice des projets de Simandou Sud. L'Etat guinéen détenant 15% du capital de Simfer. 

Il faut rappeler que le groupe chinois est associé au projet depuis 2012, mais c’est Rio Tinto qui en était le pilote. Selon les termes de l’accord, révélés par le ministère des Mines et de la géologie guinéen, les chinois de Chinalco rembourseront à Rio Tinto les coûts historiques engagés par celui-ci, déduits de 25%, une fois que la mine entrera en production.

Il faut dire que le coût de développement de cette mine, située à 800 km de Conakry est lourd. Selon les estimations, il faudrait au moins 20 milliards de dollars. Et la grosse partie des dépenses concernera la réalisation des infrastructures de transport et de logistique. C’est d’ailleurs ce qui a découragé plus d’un investisseur sérieux. En effet, l’exploitation de la mine nécessitera la mise en place d’un chemin de fer long de 650 km pour relier Simandou à la côte guinéenne. En plus, il faudra aussi mettre en place un port en eau profonde, un aérodrome, des connexions électriques, un village pour les salariés et d’autres infrastructures (hôpital, écoles, etc.).

Toutefois, avec 100 millions de tonnes de minerai de fer de haute qualité chaque année, la rentabilité du projet sera assuré à moyen et long terme. Et grâce aux infrastructures qui seront réalisées, ce projet pourra contribuer à transformer le développement économique de toute la Guinée et impacter positivement la sous région.

Par Kofi Gabriel
Le 29/10/2016 à 11h44, mis à jour le 29/10/2016 à 14h21