Kaloum, quartier administratif: ici, mieux que n'importe où, toutes les méthodes frauduleuses pour détourner des derniers publics sont connues. C'est un phonème devenu courant.
La création donc de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) semble bien accueillie. Bangaly Condé, fonctionnaire de l'Etat, y voit la possibilité d'un partage équitable des ressources du pays: «si une cour est là pour régulariser ça, nous sommes contents. Nous ne sommes que des débrouillards, nous voulons aussi goûter aux ressources de ce pays-là».
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Pour cet autre citoyen, Aboubacar Camara, la mise en place de la CRIEF c'est au-delà même des sanctions, une mesure dissuasive. «Si vous remarquez bien, à chaque année que Dieu fait vous trouverez des détournements de deniers publics. Si les administrateurs, les directeurs, les chefs de service et les contrôleurs financiers ont déjà une justice derrière eux, je crois bien qu’ils peuvent mesurer les conséquences, travailler bien et utiliser les ressources du pays dans le but d’un développement économique durable», analyse-t-il.
Cependant, malgré cette lueur d'espoir, de nombreux citoyens semblent inquiets. Ils ont la crainte de voir ce projet échouer. A ce titre, ils invitent la CRIEF à éviter certains agissements. La plus grande inquiétude de Bemba Sylla, c’est de ne pas voir cette cour aller jusqu’au bout. «Il faut que ça soit continuel. Il faudrait aussi savoir faire la part des choses, on n’est pas contre quelqu’un mais c’est par rapport à la gestion des personnes», estime-t-il.
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Pour sa part, Bangaly Condé pense que la CRIEF doit éviter le copinage: «Surtout en Guinée ici on aime demander aux gens d’où ils viennent, le doute vient maintenant. Donc, cette cour doit être tranchante, elle n’a pas de parents, elle n’a que des Guinéens», a-t-il martelé.
Il faut rappeler que la Cour de répression des infractions économiques et financières ne s'occupera que des cas de détournement dont les montants sont égaux ou supérieurs à un milliard de francs guinéens. Les infractions économiques et financières portant sur des sommes inférieures à ce montant seront traitées par les juridictions de droit commun comme les tribunaux de premières instances.