Guinée: ouvert après 13 ans jour pour jour, le procès du massacre du 28 septembre 2009 renvoyé au 4 octobre

VidéoSitôt ouvert après 13 longues et interminables années d'attente, le procès de Dadis Camara et compagnie a été renvoyé au 4 octobre. Cette décision fait suite à la demande des avocats des accusés pour, disent-ils, pouvoir prendre connaissance du dossier afin de préparer la défense de leurs clients.

Le 29/09/2022 à 16h12, mis à jour le 29/09/2022 à 16h13

A Kaloum, où se tient le procès du massacre du 28 septembre 2009, le bâtiment de justice flambant neuf a été pris d’assaut. Dadis Camara, ancien leader de la junte après la mort de Lansana Conté, et ses nombreux co-accusés ont été présentés aux juges. Après une longue journée d’échange, le procès a été finalement renvoyé au 4 octobre prochain. Cette décision a été saluée par les avocats de la défense, dont Me Paul Kourouma, qui a déclaré qu’«au cours de cette première journée, nous avons suivi la lecture de l’ordonnance de renvoi, les accusés ont été identifiés, les charges leur ont été notifiées, il ne reste plus que les questions préjudicielles».

Cet avocat de Toumba Diakité, un des accusés, a, au-delà du report, surtout également regretté certains problèmes liés à l’organisation: «Nous avons insisté et persisté, mais ils sont en train de vouloir nous distribuer des clés alors que des fonds importants sont alloués dans le cadre de la préparation de ce procès. Les avocats eux-mêmes seront obligés de procéder au tirage des clés mises à leurs dispositions et à leurs frais.»

Après une longue attente, près de 13 ans, les victimes du massacre commis au stade de Conakry le 28 septembre 2009 étaient soulagées de voir enfin ce procès s’ouvrir. A la fin de la journée, Asmaou Diallo, présidente de l’association des victimes, s’est dite, malgré le renvoi du procès, satisfaite: «Nous avons suivi le démarrage des débats, c’est intéressant, c’est réconfortant. Nous avons vu comment ça se passe, c’est la première fois qu’on assiste à des choses comme ça, j’espère qu’on ira jusqu’au bout.»

Sur la demande des avocats de la défense de renvoyer le procès, la partie civile, elle, n’a vu aucun problème. «Vous savez nous, nos avocats n'ont même pas reçu le dossier, c’est un peu compliqué car on ne peut pas avancer sans avoir le dossier qui leur permettra de fouiller et de pouvoir donner leur impression devant le peuple de Guinée, parce que nous voulons avoir cette victoire», a poursuivi Diallo.

Aujourd’hui, le grand défi, c’est surtout de permettre à l’ensemble des avocats et juges impliqués dans ce procès d’avoir accès à certains outils indispensables à la bonne tenue du procès, souligne l’avocat à la cour, Paul Yomba Kourouma: «Nous ne détenons aucune matière, nous n’avons pas le dossier, le tribunal ne semble pas en avoir entière connaissance, parce que venant d’être nommé, la maison elle-même venant d’être inaugurée. Les occupants ne connaissent même pas la maison, ni les secrets.»

A noter que sur les 12 accusés renvoyés devant le Tribunal de première instance de Dixinn, onze étaient présents à l’ouverture du procès, ce mercredi 28 septembre 2022.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 29/09/2022 à 16h12, mis à jour le 29/09/2022 à 16h13