Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) a appelé dans un communiqué à une "manifestation citoyenne et pacifique" le 18 octobre à Conakry, puis le 26 octobre dans tout le pays.
Le FNDC, officiellement dissous par la junte qui a pris le pouvoir par la force en septembre 2021, avait été à l'origine de manifestations les 28 et 29 juillet, le 17 août, et les 5 et 6 septembre. Cinq personnes avaient été tuées en juillet, et deux en août.
Le FNDC mène quasiment seul l'action de ce qui reste de l'opposition, dont un certain nombre de figures sont emprisonnées, visées par des enquêtes, ou préfèrent rester à l'étranger. Deux des leaders du FNDC, Oumar Sylla alias Foniké Mangué et Ibrahima Diallo, sont détenus depuis les manifestations de juillet.
Le FNDC dénonce "la conduite solitaire et chaotique" des affaires, et la multiplication de "manœuvres dilatoires" de la junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya pour retarder le retour des civils au pouvoir.
La Guinée, pays pauvre dirigé pendant des décennies par des régimes dictatoriaux ou autoritaires, est soumise à des sanctions de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) en raison de la volonté de la junte de rester à la tête du pays pendant trois ans. La Cédéao a suspendu fin septembre toute assistance et transaction de ses institutions financières avec la Guinée, et a menacé de sanctions plus sévères si la junte ne présentait pas dans un délai d'un mois un calendrier "raisonnable et acceptable" pour céder la place.
Face aux pressions, les militaires "s’entêtent dans l’arrogance, le mépris et le déni de réalité (...) compromettant ainsi tout effort de sortie de crise", dit le FNDC.
Les manifestations annoncées les 18 et 26 octobre visent à "exiger" la libération des opposants emprisonnés, l'arrêt des "poursuites judiciaires fantaisistes" et "la levée immédiate de l'interdiction des manifestations".
Le FNDC réclame aussi l'ouverture d'un dialogue sous la présidence de la Cédéao, rejetant à nouveau un format de dialogue qu'a récemment initié la junte et qui, selon l'opposition, laisse la haute main au pouvoir en place.
Une partie de la communauté internationale, dont la Cédéao et le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, s'inquiètent de l'évolution du climat en Guinée.