Guinée: la société civile s'oppose au projet de passeports diplomatiques pour les familles des députés

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Le 13/04/2016 à 19h20, mis à jour le 14/04/2016 à 10h05

La Plateforme nationale des citoyens unis pour le développement (PCUD), une organisation de la société civile en Guinée, a désapprouvé ce mercredi 13 avril un projet de loi de l'Assemblée nationale qui prévoit des passeports diplomatiques pour les épouses et la progéniture des députés.

Selon guineenews.org qui a révélé l'information, ledit projet de loi accorde bien des avantages classiques aux élus comme les frais d’installation, un véhicule de fonction, une prise en charge médicale, une indemnité de logement, une indemnité de transport. En cas de décès, il prévoit aussi des frais funéraires pour les conjoints, le transport de la dépouille dans la circonscription électorale et le paiement des indemnités pendant six mois à la famille du défunt.Le journal d'information électronique révèle en outre que la nouvelle loi, qui pourrait être adoptée au cours de la session en cours, accorde le droit au conjoint et à quatre enfants de chaque député de disposer de passeports diplomatiques.Plus de 24h après cette révélation croustillante, l'Assemblée nationale n'a émis aucun commentaire, encore moins un démenti. De quoi mettre la PCUD dans une colère noire.Dans un communiqué rendu public aujourd'hui, la PCUD qui dit s'attendre à un démenti du parlement signifie sa désapprobation face à un acte qui constitue, dit-elle, un abus du pouvoir d'Etat à des fins personnelles.Pour la PCUD, l'exemple de rigueur et de respect des deniers publics devait être donné par les représentants du peuple. Elle estime que "les avantages envisagés, outre leur caractère abusif, posent un problème de morale", et pourraient entraîner d'importantes incidences financières sur le budget de l'Etat.Selon cette coalition qui compte plus de trois cents organisations de la société civile, la Représentation nationale doit mesurer l'état d'esprit dans lequel les populations guinéennes et les entreprises endurent les conséquences de la crise financière, elle-même due à la mauvaise conduite des affaires publiques.Au nom des centrales syndicales, organisations paysannes et organisations de défense des droits de l'homme membres, la PCUD se dit inquiète de la manière de conduire les affaires publiques et appelle à un retrait "pur et simple" de ce projet de loi. La Plateforme invite le gouvernement et la Cour constitutionnelle à empêcher cette initiative qui est de nature à détériorer le climat social déjà fragile.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 13/04/2016 à 19h20, mis à jour le 14/04/2016 à 10h05