La société civile guinéenne s’invite dans le débat sur le scandale minier de Sable Mining

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Le 24/05/2016 à 14h20, mis à jour le 24/05/2016 à 14h58

La Plateforme des citoyens unis pour le développement (PCUD), une coalition d’organisations de la société civile en Guinée, salue l’engagement du gouvernement à ouvrir une instruction suite aux révélations faites par l’ONG Global Witness sur les opérations la société minière Sable Mining.

La plus importante coalition d’organisations de la société civile guinéennes vient de mettre les pieds dans le scandale minier révélé par l'ONG britannique Global witness. Cette plateforme qui regroupe plus de 300 ONG membres et qui promeut la bonne gouvernance apprécie la volonté du président Alpha Condé de faire la lumière sur ce dossier dans lequel son fils est cité.«La société civile prend acte de la décision du gouvernement d’ouvrir une enquête judiciaire en vue de la manifestation de la vérité dans l’affaire Sable Mining», a indiqué la PCUD lundi 23 mai dans une déclaration rendue publique.Pour rappel, le 12 mai courant, Global Witness révélait dans un rapport que la compagnie minière britannique Sable M ining a utilisé ses relations avec Mohamed Alpha Condé, le fils du président guinéen, et d’autres proches du pouvoir, pour distribuer des pots-de-vin pendant la transition politique en 2010.Le document d’une quarantaine de pages soutenait en outre que la compagnie a mobilisé au cours de la même année un hélicoptère en guise d’appui logistique à Condé père, alors candidat à l’élection présidentielle.Sans pour autant reconnaitre explicitement l’implication du président dans ces faits de corruption présumée, le rapport de Global Witness est parvenu tout de même à la conclusion selon laquelle la compagnie a pu obtenir et sécuriser des droits miniers sur le gisement de fer de Nimba dans le sud de la Guinée notamment suite à ces efforts.Le document a suscité à la fois colère et indignation à la présidence guinéenne. Alpha Condé a nié l’implication de son fils dans cette affaire. Le gouvernement pour sa part a annoncé l’ouverture d’une instruction judiciaire à l’effet de situer les responsabilités. Il a invité l’ONG à collaborer en fournissant «les preuves de ses graves accusations», comme l’a souhaité le ministre la Justice, Cheick Sacko.La PCUD a encouragé Global Witness à continuer sur sa lancée. «La société civile apporte son soutien à Global Witness et l’exhorte à poursuivre son combat pour la transparence dans le secteur minier en Guinée et en Afrique», souligne-t-elle.La Plateforme des citoyens unis pour le développement n’est pas à sa première sortie face aux divulgations de scandales présumés en Guinée. En avril, elle avait félicité la justice française pour avoir enclenché une enquête sur les conditions d’acquisition et de l’exploitation de la concession du Port de Conakry par le groupe Bolloré.Elle avait soulevé des interrogations sur les circonstances assez rocambolesques dans lesquelles, en 2012, Getma International, le concessionnaire d’alors, avait été dépossédé au profit de Bolloré dont le PDG, Vincent Bolloré, est un vieil ami d’Alpha Condé. «Maintenant, Il revient à la justice guinéenne de relever le défi de son indépendance comme vient de le faire son homologue de France dans l’affaire du Port autonome de Conakry avec la société Bolloré», conclut la PCUD dans sa déclaration publiée ce lundi.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 24/05/2016 à 14h20, mis à jour le 24/05/2016 à 14h58