Le syndicat émet des réserves sur la nouvelle grille salariale de la fonction publique

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Le 22/07/2016 à 11h55

Une commission interministérielle chargée d’élaborer une nouvelle grille salariale des fonctionnaires en Guinée a rendu public jeudi ses conclusions. En attendant l’approbation du gouvernement, le syndicat juge ses résultats peu rassurants.

La nouvelle grille salariale des travailleurs du public présenté ce 21 juillet prévoit douze grades contre sept dans l’ancienne.

En plus de ce déplafonnement des grades, elle introduit des nouveautés comme la revalorisation des diplômes sur la base du système LMD (Licence-Master-Doctorat). L’ancienne grille rangeait en effet ces trois niveaux dans la hiérarchie «A», sans distinction aucune.

Aussi, elle ouvre la voie à une gestion de carrières qui récompense le mérite et la hiérarchie dans une administration qui compte environ 120.000 fonctionnaires, selon l’équipe qui a travaillé sur le dossier.

En jetant un regard sur cette grille révisée, l’expert dépêché par le Bureau International du Travail à Conakry, François Eyraud s’est dit «agréablement impressionné» par un travail qui permettra à 1/3 des fonctionnaires de l’Etat d’avoir des possibilités d’avancement dans leurs carrières.

Toutefois, l’expert français du BIT a mis un bémol en reconnaissant le fait que cette nouvelle grille n’aura aucune incidence sur les salaires dans l’immédiat, bien que l’indice du calcul des pensions de retraite lui, enregistrera une hausse.

Un gros pavé dans la marre qui, de l’avis du syndicat, constitue une mauvaise nouvelle indéfendable devant leurs mandants.

Le premier à douter de l’importance d’une nouvelle grille salariale qui ne prévoit aucun changement réel sur le traitement salarial est Amadou Diallo, secrétaire général de la puissante Confédération nationale des travailleurs de Guinée, co-organisatrice de la grève générale qui a paralysé le pays en février.

«Dans notre esprit, la nouvelle grille salariale doit entrainer une augmentation des salaires. Sinon, vous nous ramenez à la table des négociations pour qu’on obtienne une légère augmentation», a fulminé le leader syndical, après avoir suivi l’exposé de la commission interministérielle.

Même réaction chez son collègue Louis M'Bemba Soumah de l'Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG). Il a appelé à une répercussion «positive et immédiate» sur les salaires des fonctionnaires. Faute de quoi, a-t-il dit, l’Etat risque de faire face à une revendication du mouvement syndical.

«J’ai bien peur que la montagne n’accouche d’une souris. Mais nous attendons qu’il y ait une amélioration sensible et dans les meilleurs délais», a-t-il prévenu.

Le ministre de la Fonction publique, Sékou Kourouma, qui suivait ces menaces à peine voilées a avoué que la transposition de la nouvelle grille sur l’ancienne ne signifiera pas nécessairement une augmentation salariale, même si celle-ci entrainera des «ajustements raisonnables».

«Cette nouvelle grille répond aux standards internationaux, contrairement à l’ancienne qui était démotivante», a tenté de calmer le ministre, promettant de rendre compte au gouvernement qui prendra la décision finale relative à l’entrée en vigueur de la grille révisée.

Les syndicalistes qui ne voulaient l’entendre de cette oreille ont promis quant à eux de revenir à la charge pour obtenir une hausse fut-elle «sensible».

Bref, un véritable dialogue de sourds qui augure une tension sociale à l’horizon.

Par Ougna Elie Camara (Conakry, correspondance)
Le 22/07/2016 à 11h55