L’escalade verbale est montée d’un cran dimanche, à Conakry, à dix jours de la grande mobilisation annoncée par les partis de l’opposition, pour fustiger la gouvernance d’Alpha Condé, demander la transparence dans le processus électoral et une amélioration des conditions de vie des populations.
Les ténors du RPG Arc-en-ciel qui tenaient un meeting à Matoto, la plus grande commune de la capitale, ont invité leurs militants à s’unir derrière leur chef Alpha Condé.
Et c’est Malick Sankhon, directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale et fervent militant du président qui a donné le ton. «N’ayez jamais peur car, il n’y aura rien dans ce pays. Ceux qui s’agitent aujourd’hui pour tenir des propos va-t’en guerre se trompent», a-t-il lancé en s’adressant aux militants, rappelant par ailleurs avec insistance que la Guinée appartient à tous les Guinéens.
Sankhon pour qui les opposants au régime n’auront jamais le pouvoir en Guinée, a appelé ceux-ci à quitter le pays s’ils le désirent, «car pour le moment, Alpha Condé reste et demeure le président».
Le clou sera enfoncé par la Coordinatrice nationale de ce parti Nantou Chérif Konaté. Soulignant que les récentes crises internes visant à déstabiliser le parti ont échoué, elle a prévenu que les militants veillent au grain.
«Quand quelqu’un appelle à une mobilisation pour chasser Alpha Condé du pouvoir, de quelle manière va-t-il le faire ? Est-ce par le vote ou par la rue ? Si c’est par la rue, cela s’appelle un coup d’Etat. Mais le RPG Arc-en-ciel ne dort et ne dormira pas», a-t-elle dit, en faisant allusion au projet de manifestation de l’opposition.
Coïncidence ou pas, il faut dire que cette démonstration de muscles se déroulait au moment où l’opposition tenait un 5e meeting en deux semaines à Matam, une autre commune de la capitale guinéenne.
Là-bas, les leaders politiques ont déploré tour à tour la dégradation des conditions de vie de leurs concitoyens, regretté l'expansion des marchés de gré à gré dans la sphère étatique, avant d’encourager les militants à répondre à leur appel le jeudi prochain, en dépit de toutes les menaces.
«Vous devez sortir massivement le 4 août prochain pour manifester pacifiquement et dénoncer nos conditions de vie actuelles», a lancé le porte-parole de l’opposition Aboubacar Sylla.
Ces propos qui traduisent un regain de tension entre pouvoir et opposition fusent des deux camps après un tête-à-tête entre Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire RPG, et Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition, en vue d’une reprise du dialogue politique. Une rencontre qui a manifestement accouché d’une souris.