Guinée: le fumage du poisson, un métier difficile et risqué

VidéoA Dabondy, quartier de pêcheurs, fumer le poisson est un métier qui ne séduit presque plus. Les quelques rares personnes qui se livrent à sa pratique le font plus par défaut de choix que par passion.

Le 31/05/2022 à 10h38, mis à jour le 31/05/2022 à 10h40

Nous sommes allés à la rencontre de ces dames qui, au péril de leur santé, et sans soutien de l’Etat, permettent au délicieux et si incontournable poisson fumé d'atterrir quotidiennement dans l'assiette des Guinéens.

Derrière la production de poissons fumés, il y a de nombreuses difficultés cachées. Il faut retourner le poisson régulièrement, aspirer la fumée, sans compter les nombreuses heures passées à trouver du poisson auprès des pêcheurs.

Souvent les journées sont chargées, informe Nana Soumah, fumeuse de poisson. «Chaque jour, je quitte chez moi à 4h30, je prends le véhicule ici et je vais au quartier Km 36, pour ensuite revenir en ville pour acheter du poisson auprès des pêcheurs, puis je reviens ici pour reprendre le fumage», déplore la jeune dame.

Aujourd’hui, ces productrices de poissons fumés déplorent non seulement les conditions de travail difficiles, mais aussi les risques pour la santé. Mamy Soumah, la doyenne trouvée sur place continue d’exercer ce métier malgré elle. «C'est un travail difficile, à force de fumer le poisson, certaines tombent malades», se plaint la sexagénaire. Toujours selon elle, une fois en consultation à l'hôpital, les médecins font très souvent le même diagnostic: «On dit que la personne a un problème de sang, d'eau.»

«Ce n'est pas facile. Nous sommes en règle avec la loi, nos agréments sont là, il faut maintenant que l'Etat aide à améliorer nos conditions de travail», poursuit-elle. Et d'ajouter que «si tu es malade, c'est à tes frais que tu te soignes, et pourtant Dieu sait qu'à Dabondy ici, il y a des centaines de millions qui vont dans les caisses de l'Etat. Il faut que l'Etat réinvestisse une partie de ces taxes que nous payons pour améliorer nos conditions de travail.»

Ces difficultés sont peut-être la preuve que ce secteur pourvoyeur d'emplois a besoin de régulation et d’un accompagnement de l’Etat.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 31/05/2022 à 10h38, mis à jour le 31/05/2022 à 10h40