Mali: un ambassadeur de France refuse de suivre les consignes du Quai d’Orsay

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Le 02/09/2016 à 11h05, mis à jour le 14/09/2016 à 16h47

Alors que le Quai d’Orsay a demandé de ne plus délivrer de visas aux sportifs mineurs, Gilles Huberson, ambassadeur de France à Bamako est allé dans le sens contraire. Il a continué à autoriser les jeunes sportifs à se rendre en France. L’histoire lui a donné raison.

Kiosque Le360 Afrique. Dans des propos tenus à Paris et rapportés par Le Monde, Gilles Huberson, ambassadeur de France en poste au Mali depuis 2013, donné pour partant, affirme avoir "pris sur lui de continuer à délivrer le visa à des jeunes sportifs maliens. C’est ainsi qu’un jeune footballeur malien (Adama Traoré, ndlr) à qui j’ai accordé le visa est devenu le meilleur joueur de la Coupe du monde de moins de 20 ans en 2015".

Pour lui, le risque était inexistant, dans la mesure où les agents des joueurs se portent garant pour se donner les chances d'avoir des visas pour d'autres joueurs qu'ils comptent amener pour des tests en France. "Je n'ai eu aucun échec", a-t-il dit à ses pairs ambassadeurs regroupés à Paris pour leur rencontre périodique. 

Messi n'aurait pas été Messi

Le journal affirme que Gilles Huberson ne veut pas être présenté comme un rebelle, mais il se montre très critique par rapport à une mesure qui prive de jeunes talents de leurs chances. "Si l’Espagne avait appliqué cette mesure, a-t-il soutenu, le jeune Argentin Lionel Messi ne serait jamais devenu la star qu’il est aujourd’hui", explique-t-il. Pour rappel, Messi a signé au Barça, en Espagne, alors qu’il n’avait que 11 ans.

L’attitude de ce diplomate qui s’est affranchi des conventions, s’explique par sa formation de militaire. En effet, il a été officier d’active pendant une quinzaine d’années, de 1981 à 1996, avant de suivre une carrière diplomatique. Il est sorti de l’école Saint Cyr qui forme les officiers de l’armée française, mais également l’élite militaire de plusieurs pays africains.

Bamako pas plus dangeureux que Paris

Gilles Huberson a aussi une position singulière quant aux questions de terrorisme. Il a catégoriquement refusé de classer Bamako zone rouge, alors que beaucoup de ses collègues l’auraient fait pour se plier aux exigences de prudence du ministère des Affaires étrangères français.

En effet, selon lui, si le Nord Mali présente une situation suffisamment dangereuse pour qu’on déconseille aux étrangers de s'y rendre, ce n’est pas le cas de Bamako, malgré l’attentat de l’hôtel Radisson. Il soutient que si l’on classe Bamako en zone rouge, il faut en faire de même pour des villes comme Paris ou Nice qui ont également été touchées par des attentats. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 02/09/2016 à 11h05, mis à jour le 14/09/2016 à 16h47