Mali: la mort silencieuse des acteurs du tourisme

La Grande mosquée de Djenné.. DR

Le 04/10/2016 à 14h20

Insécurité et tourisme ne font pas bon ménage. Quand la première sévit, le second meurt par asphyxie. C’est bien cette réalité impitoyable que vivent les acteurs du tourisme au Mali, et particulièrement dans le pays dogon, où l’économie locale était tributaire du secteur touristique.

La journée mondiale du tourisme, célébrée en grande pompe à Sikasso en 3e région, cache bien mal ce qu’il faut appeler un désastre économique. La crise, qui a éclaté en 2012, a tué le tourisme au Mali. Pour l'exemple, dans la région de Mopti, épicentre du tourisme (avec les falaises de Bandiangara, Sangha, la mosquée historique de Djenné etc.), le flux est passé de 28.861 touristes en 2001 à 2379 en 2013, soit une baisse de 91,75% en trois ans, selon une étude récente sur l’impact des récentes crises politico-sécuritaires sur le secteur du tourisme au Mali. Les régions de Tombouctou ou Gao très visitées par les touristes sont classées zone rouge pour les touristes occidentaux.

Toujours selon cette source, le nombre des arrivées de touristes au Mali est passé de 140.000 en 2008 à 100.000 en 2012, année de l’éclatement de la crise, soit une baisse de 22%. Au niveau des aéroports, on enregistrait à l’aéroport international Modibo Kéïta de Sénou 128.517 arrivées en 2008 contre 53.840 en 2013. Même constat de chute des arrivées à l’aéroport de Mopti ou elles sont passées de 38.806 en 2008, à 686 en 2013.

Ces chiffres indiquent la mort silencieuse des acteurs de la chaîne qui rôde autour de l’activité touristique au Mali, et cela depuis 2012. Hôteliers, guides touristiques, agences de voyage, artisans etc., dans les zones touristiques, ont été mis en congé forcé. Face à la dure réalité, certains se sont convertis dans d’autres activités économiques pour survivre.

«Toute notre économie se résumait aux activités touristiques. Nous travaillons avec des agences européennes. Mais aujourd’hui, tout est à l’arrêt. Les touristes qui nous faisaient vivre ne viennent plus à cause de l’insécurité. Nous sommes doublement frappés par l’insécurité et les difficultés économiques, depuis 2012. Chaque année, je partais en Europe sur invitation de mes clients, mais tout ça s’est brusquement arrêté», nous a confié Dolo, guide touristique à Sangha, qui ajoute que c’est le désespoir total pour toute la région.

Par Daouda Tougan Konaté (Bamako, correspondance)
Le 04/10/2016 à 14h20