Au Mali, on ne touche pas au Touareg le plus fidèle des fidèles à la nation malienne, le général El Hadj Gamou. Même le président malien Ibrahim Boubacar Keita en sait quelque chose. Du coup, le tollé provoqué par les déclarations de l’ambassadeur américain, taxant indirectement Gamou de pourfendeur de la paix, était plus que compréhensible pour le Malien lambda qui voit en Gamou et le Gatia -Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés-, les seuls remparts à même de freiner les velleités indépendantistes des rebelles touaregs de Kidal.
Et l'onde de choc a finalement atteint les bas fonds de la colline de Koulouba, siège du palais présidentiel. Suite à quoi, selon le quotidien Info-Matin, Paul Folmsbee aurait été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop.
Si aucune réaction officielle n’a évoqué cette rencontre, le journal rapporte qu’il a été convoqué pour explications sur ce qu’il convient d’appeler une bourde diplomatique. Face aux propos controversés de l’ambassadeur qui engagent un partenaire aussi stratégique que les Etats-Unis, le gouvernement a préféré réagir dans la discrétion.
A rappeler que lors d’une conférence de presse, l’ambassadeur avait laissé entendre que le gouvernement malien doit aller au-delà de l’adoption de lois et de mise en place de commissions, et se concentrer sur l’extension de son autorité sur l’ensemble du Mali. Il avait ajouté que le gouvernement malien doit également mettre fin à tous les liens, à la fois publics et privés, avec le Gatia, une milice armée qui ne contribue pas à ramener la paix dans le nord du Mali, accusant ainsi indirectement le général Ag Gamou, le bras armé du Gatia, d'être le principal obstacle à la paix.
Indigné, le Gatia, groupe d’autodéfense, favorable à l’Etat, avait, dans un communiqué, protesté vivement contre ces propos de l’ambassadeur des USA au Mali, jugés partiaux au profit de la Coordination des mouvements d'Azawad (CMA), sa rivale, dans un conflit intercommunautaire datant de la période antérieure à la crise de 2012. Les deux groupes rivaux sont en bélligerence pour le contrôle de la ville de Kidal.