Situation au Mali: le complicité algéro-française complique le retour à la paix

Cheikh Boukhadari Traoré, fils de l'ancien président malien Moussa Traoré.

Cheikh Boukhadari Traoré, fils de l'ancien président malien Moussa Traoré.. DR

Le 03/08/2017 à 19h04, mis à jour le 03/08/2017 à 19h41

Un politique malien pointe du doigt la France et l'Algérie dans la crise malienne. Cheick Boukadari Traoré, président de CARE, est catégorique et n'épargne pas non plus les dirigeants actuels du Mali. Le fils de l'ancien président Moussa Traoré, depuis les USA, fait l'analyse de la situation.

Peut-on avoir une réunion de haut niveau à Alger réunissant autour du ministre algérien des Affaires étrangères les plus hauts fonctionnaires et militaires français pour évoquer la situation au nord du Mali, sans les gouvernants maliens? Il y a certes une complicité algéro-française sur le dos du Mali, mais pas pour le même but. Les gouvernants maliens, comme toujours, semblent être incompétents et inadaptés à la situation qui prévaut actuellement. Le fait que l’ordre du jour ait été consacré au processus de paix sans la participation du Mali laisse la place à la suspicion.

Il est tout a fait normal que les citoyens maliens soient irrités par le duo franco-algérien dans la mesure où Bamako n'y a pas été associé et l'on peut légitimement s'interroger. D’abord, le gouvernement du Mali n’a jusqu’ici bénéficié d'aucun soutien de l’Algérie et de la France pour le retour de l'administration et de l'armée malienne à Kidal. Pourtant, l’Algérie, qui a une forte influence sur certains groupes armés, aurait pu faire preuve de fermeté. Quant à la France, elle aurait pu jouer le rôle d’arbitre et calmer le jeu entre la CMA et la plateforme en conflit autour de la gestion de Kidal. En réalité, elle est accusée par le Gatia de partialité. En effet, la CMA n'était plus grand-chose et, brusquement, elle est réarmée et tient le Gatia en échec.

Le rôle de l'Algérie et de la France devient inquiétant, d’autant plus qu’ils auraient dû permettre la mise en place beaucoup plus rapide de l'accord de paix et de réconciliation.

Nous avons l'impression que ces deux pays font traîner le retour à la paix au nord du Mali. La France, et ce n'est pas nouveau, pourrait souhaiter que l'on s'acheminât vers une solution que les indépendantistes du nord pourraient accepter. Mais n’étant pas dans ‘les secrets du dossier, nous ne pouvons que nous tourner vers les gouvernants maliens pour nous éclairer d’avantage sur le dossier.

Or, ces gouvernants ont toujours eu des difficultés à faire des concertations ou avoir des conversations avec les citoyens maliens. L’autonomie de Kidal pourrait être la solution vers laquelle on s'achemine sous la houlette de la France. Nous comprenons, si tel était le cas, l'opposition de l'Algérie qui a d'une part toujours quelques problèmes avec ses tribus berbères de Kabylie et qui, d'autre part, ayant réussi à calmer les velléités autonomistes verrait d'un mauvais œil les Touaregs maliens donner des idées à ceux du sud algérien.

Finalement, le retour à la paix ne plaît ni aux Français ni aux Algériens pour des raisons différentes voire opposées. En conclusion, la paix n'est pas pour demain. Nous sommes peut-être dans l'erreur mais nous aimerions bien qu'on nous le dise.

Cheick Boucadry Traore PRÉSIDENT

PARTI CARE MALI

Le 03/08/2017 à 19h04, mis à jour le 03/08/2017 à 19h41