L'ancien ministre des Finances Soumaïla Cissé, adversaire de Keïta au second tour de l'élection présidentielle du 12 août 2018, était à la tête d'une coalition qui avait refusé sa défaite.
Keïta avait été déclaré vainqueur avec 67,16% des voix contre 32,84% pour son rival qui avait dénoncé un "hold-up électoral" et contesté une victoire entachée de "fraudes massives".
"J'ai été reçu par mon aîné (Ibrahim Boubacar Keïta). Nous avons parlé du Mali, c'est évidement un début de quelque chose, un début de décrispation", a déclaré à l'AFP Cissé.
"Je confirme. Le Président de la République a reçu en tête-à-tête mardi soir Cissé. Il n'y avait pas de témoin lors de la rencontre. Mais je sais que les choses se sont bien passées", a dit à l'AFP une source à la présidence.
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"La crise que le pays connaît depuis 2012 s'est malheureusement approfondie, surtout sur ses aspects sécuritaires. Nous allons essayer ensemble, en toute responsabilité, de faire le nécessaire pour trouver des solutions. Nous avons prévu de nous revoir bientôt", a dit à l'AFP Soumaïla Cissé, sans donner de date.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger. Ces attaques se mêlent souvent à des conflits intercommunautaires, qui ont fait plus de 500 morts parmi les civils dans le centre du Mali en 2018, selon l'ONU.
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"La rencontre à elle seule est un important signe de décrispation. Il y a une grogne sociale avec des grèves. Des religieux se positionnent dans l'opposition au pouvoir. Le président de la République et Cissé ont joué habilement en acceptant de se rencontrer", analyse Ousmane Touré, politologue et enseignant à l'université de Bamako.
Des chefs religieux maliens ont le 10 février, lors d'une manifestation à Bamako, réclamé la fin de la malgouvernance et de la "dépravation des moeurs" au Mali, appelant au départ du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, auquel ils reprochent notamment une approche laxiste de l'homosexualité, une question taboue dans ce pays très majoritairement musulman.