Mali: des soldats "très nerveux" tirent en l'air dans le camp militaire de Kati

DR

Le 18/08/2020 à 11h56, mis à jour le 18/08/2020 à 16h34

Des soldats maliens ont tiré des coups de feu en l'air pour une raison inconnue mardi matin dans le grand camp militaire de Kati, dans la proche banlieue de Bamako, a-t-on appris auprès de témoins, alors que le Mali est confronté depuis deux mois à une profonde crise politique.

"Ce matin, des militaires en colère ont pris les armes au camp de Kati et ont tiré en l'air. Ils étaient nombreux et très nerveux", a déclaré à l'AFP un médecin de l'hôpital de Kati.

"Ca tire, ça tire en l'air à Kati. Ce sont des militaires", a confirmé une source sécuritaire malienne sur place.

Les raisons de ce coup de colère des militaires n'étaient pas immédiatement claires.

"Nous suivons attentivement la situation. La hiérarchie militaire est entrée en contact avec les troupes, on fera une déclaration officielle dans la journée", a déclaré à l'AFP une source au ministère de la Défense, qui s'est refusée à parler de "mutinerie".

L'ambassade de France au Mali a recommandé la prudence.

"Compte tenu des tensions rapportées ce matin 18 août à Kati et Bamako, il est instamment recommandé de rester chez soi", a indiqué sur Twitter l'ambassade.

Le Mali, épicentre de la menace jihadiste au Sahel depuis 2012 , est confronté depuis juin à une grave crise socio-politique.

Lundi, l'opposition a annoncé de nouvelles manifestations cette semaine pour réclamer le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta, avec en point d'orgue l'occupation d'une place symbolique au coeur de Bamako vendredi et samedi.

A ces revendications politiques s'ajoute une "situation sociale délétère", a souligné lundi une responsable syndicale, Sidibé Dédéou Ousmane.

Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène depuis juin la plus importante contestation du pouvoir depuis le coup d'Etat de 2012, est une coalition hétéroclite de guides religieux, d'opposants politiques, de membres de la société civile et de syndicalistes.

Il a refusé jeudi dernier une rencontre avec le président Keïta proposée par le médiateur des Etats ouest-africains, l'ex-président nigérian Goodluck Jonathan, fixant notamment comme préalable la fin de la "répression" contre ses militants.

Le weekend du 10 juillet, une manifestation à l'appel du Mouvement du 5 juin a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers. L'opposition évoque un bilan de 23 morts et plus de 150 blessés. Le Premier ministre, Boubou Cissé, a parlé de 11 morts et l'ONU de 14 manifestants tués.

La crise actuelle est partie de l'invalidation d'une trentaine de résultats des législatives de mars-avril par la Cour constitutionnelle, dont une dizaine en faveur de la majorité du président Keïta.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 18/08/2020 à 11h56, mis à jour le 18/08/2020 à 16h34